vements, et c'est pour cela que tous les siecles pendant lesquels ils
se sont tous developpes ont passe sans exercer une favorable influence
sur la marche de l'humanite, dont on pourrait presque desesperer qu'elle
se puisse emanciper des prejuges.
Mais heureusement, maintenant comme auparavant, l'heresie est le sel du
monde, propre a le sauver des idees etroites et bornees, et les
heretiques sont encore les promoteurs du progres.
A ses debuts, le christianisme fut revolutionnaire, et qui le fut plus
que Jesus lui-meme qui chassait les marchands et les banquiers de la
synagogue et disait ne pas etre venu apporter la paix, mais le glaive?
Toutefois, quand le christianisme devint la religion officielle,
l'esprit revolutionnaire l'abandonna.
Jadis aussi, les anciens socialistes et ceux qui sont restes tels
disaient: "La prochaine revolution ne doit plus etre un simple
changement de gouvernement suivi de quelques ameliorations de la machine
gouvernementale, elle doit etre la _Revolution Sociale_. Mais
maintenant, l'esprit revolutionnaire va diminuant. Les chefs du
socialisme esperent arriver au pouvoir; des lors ils tendent a devenir
conservateurs, etant eux-memes l'autorite future, ils deviennent tout
naturellement autoritaires.
Ainsi, christianisme et socialisme ont sacrifie les principes a la
tactique, l'un et l'autre sont devenus etatistes, a la religion d'Etat
repond le socialisme d'Etat. Et la tristesse est grande a voir ceux qui
combattaient autrefois avec ardeur, renier leur passe et devenir des
radicaux et des reformateurs.
Mais avant d'aller plus loin, avant de dire: ceux-ci ou ceux-la sont ou
ne sont pas des socialistes, comme on le fait en niant le socialisme des
anarchistes, il est necessaire de savoir ce que c'est que le socialisme.
N'est-il pas essentiel, si on veut discuter avec profit, de definir la
chose meme qu'on discute?
Le principe fondamental du socialisme fut des l'origine celui qui
posait la necessite d'abolir le salariat, et la propriete individuelle,
propriete du sol, des habitations, des usines, des instruments de
travail, le principe de la socialisation des moyens de production. Ce
qui caracterisait le socialiste, etait d'admettre la necessite de
supprimer la propriete individuelle, source de l'esclavage economique et
moral, et cela non dans deux cents, cinq cents ou mille annees, mais des
aujourd'hui. La propagande socialiste se faisait en vue de preparer
l'expropriation lors de la
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