ste, lorsqu'on ne veut pas
etre emprisonne. Le titre n'y fait rien, le fait seul importe et il n'y
a rien a gagner au changement de nom.
Avec le mot "republique" ne disparait pas encore le danger de tyrannie.
Il y a quelques annees nous avons vu a Paris un congres ouvrier dissous
par la police, pour la seule raison que l'on craignait les tendances
socialistes de l'assemblee. Est-ce que ces ouvriers voyaient une
difference a etre disperses par la police republicaine ou par les
gendarmes imperiaux? Que chaut au meurt-de-faim que la France ait un
gouvernement republicain? Qui ne se rappelle l'effroyable drame de la
famille Hayem a Paris: un pere, une mere et six enfants s'asphyxiant
pour en finir avec leur vie de privations et de misere, le meme jour ou
Paris etait en liesse et illumine pour la fete du 14 Juillet,
commemorative de la prise de la Bastille? Il importe peu au pauvre qu'il
y ait des employes republicains, des receveurs republicains, mettant la
main sur le peu qu'il possede lorsqu'il ne paie pas les contributions;
qu'il y ait des huissiers republicains qui, apres avoir tout vendu, le
mettent a la porte; qu'il y ait des gendarmes republicains qui
l'arretent comme vagabond lorsque la crise industrielle l'empeche de
gagner sa vie; qu'il y ait des soldats republicains qui le fusillent
lorsqu'il lutte par la greve; que lui fait que tout soit republicain,
meme l'hopital ou il creve de misere, meme la prison ou l'on a inscrit
cette ironique devise: Liberte, egalite, fraternite!
Voici du reste la declaration faite par les socialistes au Parlement
belge: "Etant donne qu'un gouvernement socialiste serait oblige de
maintenir un corps de gendarmes pour arreter les malfaiteurs de droit
commun, nous ne voulons pas voter contre le budget et nous devons nous
abstenir" (Seance du 8 mars 1895. Emile Vandervelde).
Il me semble que le socialisme autoritaire ne peut se passer d'une telle
espece de camisole de force.
Mais que ferez-vous des faineants, des insoumis? nous dit-on.
En premier lieu, leur nombre sera restreint dans une societe ou chacun
pourra travailler selon son caractere et ses aptitudes, mais s'il en
reste encore, je prefererais les entretenir dans l'inaction, plutot que
d'employer la force envers eux. Faites-leur sentir qu'ils ne mangent en
realite que du pain de misericorde car ils n'aident pas a la production,
faites appel a leur amour-propre, a leur sentiment d'honneur, et presque
tous deviendront meille
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