iable donc la Croix-Rouge avec ses hopitaux hygieniques, si
les garde-malade ne sont pas des fonctionnaires!" (Kropotkine.)
Ne voyage-t-on pas directement de Paris a Constantinople, de Madrid a
Saint-Petersbourg, quoique plusieurs directions de chemins de fer aient
du contribuer a l'organisation de ces services internationaux? L'interet
les a pousses a prendre de telles resolutions et cela s'est organise
parfaitement sans ordres de superieurs.
Aussi longtemps que le monde ne sera pas en etat de comprendre ces
choses-la et qu'elles devront etre imposees, elles ne pourront prendre
racine dans l'humanite.
Mettons donc la libre initiative au premier plan et surtout ne
l'aneantissons pas, car ce serait un prejudice enorme pour la societe.
Dans une assemblee de gens bien eleves, instruits, on ne commence pas
par decreter des lois auxquelles on devra se soumettre; chacun sait se
conformer aux lois non ecrites qui nous disent de ne pas nous nuire
respectivement, et chacun agit en consequence. Les diverses forces et
tendances de la societe changeront toujours suivant les circonstances et
prendront de nouvelles formes. L'esprit de combinaison rassemblera des
elements non assortis. Le monde est une incessante division, un
changement, une transformation, c'est-a-dire un continuel devenir. Les
formes de la societe humaine possedent une force de croissance aussi
grande que les plantes dans la nature.
Personne ne constitue un etre isole et la comparaison de la societe au
corps humain n'est pas denuee de verite. Lorsqu'un seul membre souffre,
tout le corps souffre. Une chose depend de l'autre et les plus petites
causes ont parfois les plus grands effets, qui se font sentir partout.
Le tort qu'un individu se fait a lui-meme peut etre non seulement la
source de torts envers ses parents les plus proches, mais peut avoir
des suites desastreuses pour le tout, pour la communaute.
L'Etat et la societe ne sont pas deux cercles qui ont un seul point
central et dont les circonferences ne se touchent pas, par consequent;
mais ils se completent, dependent l'un de l'autre, se transforment
continuellement. Parfois l'Etat est un lien qui enserre la societe de
telle maniere qu'il l'empeche de se developper. C'est le cas
aujourd'hui. L'Etat peut avoir ete pendant un certain temps une
transition necessaire, sans qu'il soit necessaire qu'il existe
eternellement. En certaines circonstances meme il peut avoir ete un
progres dont on n'a plus que f
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