e anarchiste? Celui
qui aime a donner peut le faire, mais peut-on eriger en regie generale
la dotation reciproque?"
Cette explication ne brille ni par la clarte ni par la simplicite et
elle est tres mal formulee.
Ces deux derniers systemes sont donc defendus par des socialistes
libertaires et le premier par les partisans du socialisme autoritaire.
Comme Duehring n'est pas un communiste et differe consequemment avec nous
sur ce point, nous ne pouvons admettre sa doctrine economique. Car nous
avons la conviction qu'il est impossible de donner une formule plus
simple et meilleure que: "Chacun donne selon ses forces; chacun recoit
selon ses besoins." Et ceci ne suppose nullement une reglementation,
individuelle ou collective, qui determine les forces et les besoins.
Chacun, mieux que n'importe qui, peut determiner ses forces et quand
nous supposons que dans une societe communiste chacun sera bien nourri
et eduque, il est clair qu'un homme normalement developpe, mettra ses
forces a la disposition de la communaute sans y etre contraint. Des
qu'il y a contrainte, elle ne peut avoir qu'une influence nefaste sur le
travail.
Il serait absurde de supposer que les socialistes autoritaires cherchent
a sacrifier une partie de leur liberte individuelle a une forme
particuliere de gouvernement; eux aussi poursuivent la realisation d'une
societe determinee, parce qu'ils croient que celle-ci rendra possible le
degre de liberte individuelle necessaire au plus grand epanouissement du
bien-etre personnel. Mais c'est une utopie de leur part lorsqu'ils
pensent garantir suffisamment par leur systeme le degre de liberte
qu'ils souhaitent. Ils se rendent coupables d'une fausse conception qui
pourrait avoir des resultats funestes, et nous devons tacher de les en
convaincre et de leur demontrer que leur systeme n'est pas l'affirmation
de la liberte, mais la negation de toute liberte individuelle.
Il y a la une tendance incontestable a renforcer le pouvoir de la
societe et a diminuer celui de l'individu. C'est une raison de plus pour
s'y opposer.
La question principale peut ainsi etre nettement posee: "Comment peut et
doit etre limitee la liberte d'action de l'individu vis-a-vis de la
societe? Ceci est la plus grande enigme du sphynx social et nous ne
pouvons nous soustraire a sa solution. En premier lieu l'homme est un
etre personnel, formant un tout en soi-meme, _(individuum, in_ et
_dividuum_, de _divido_, diviser, c'est-a-dire un etr
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