eponse a la question: "Lequel des deux principes
triomphera et donnera a la societe sa forme definitive?" dependra
surtout de cette autre question: "Lequel des deux systemes permet la
plus grande expansion de la liberte et de la spontaneite des hommes?" Et
plus loin: "Les institutions sociales aussi bien que la moralite
pratique arriveraient a la perfection si la complete independance et
liberte d'agir de chacun etaient garanties sans autre contrainte que le
devoir de ne pas faire du mal a d'autres. Une education basee sur des
institutions sociales necessitant le sacrifice de la liberte d'action
pour atteindre a un plus haut haut degre de bonheur ou d'abondance, ou
pour avoir une egalite complete, annihilerait une des caracteristiques
principales de la nature humaine."
Maintenant il nie que les critiques actuelles du communisme soient
exagerees, car "les contraintes imposees par le communisme seraient de
la liberte en les comparant a la situation de la grande majorite"; il
trouve qu'aujourd'hui les travailleurs ont tout aussi peu de choix de
travail ou de liberte de mouvement, qu'ils sont tout aussi dependants de
regles fixes et du bon vouloir d'etrangers qu'ils pourraient l'etre sous
n'importe quel systeme, l'esclavage excepte. Et il arrive a la
conclusion que si un choix devait etre fait entre le communisme avec ses
bons et mauvais cotes et la situation actuelle avec ses souffrances et
injustices, toutes les difficultes, grandes et petites du communisme ne
compteraient pour lui que comme un peu de poussiere dans la balance.
Rarement un adversaire fit plus honnete declaration. Pour lui la
question n'est pas encore videe, car il nie que nous connaissions dans
leur meilleure expression le travail individuel et le socialisme. Et il
tient tellement a l'individualisme, ce que l'on possede, du reste, de
preferable, qu'il craint toujours qu'il ne soit efface et annihile. En
exprimant un doute il dit: "La question est de savoir s'il restera
quelque espace pour le caractere individuel; si l'opinion publique ne
sera pas un joug tyrannique; si la dependance totale de chacun a tous et
le controle de tous sur tous ne seront pas la cause d'une sotte
uniformite de sentir et d'agir."
On peut facilement glisser sur cette question et la noyer dans un flot
de phrases creuses, comme: Quand chacun aura du pain, cette liberte
viendra toute seule, mais ceci constitue pour nous une preuve
d'etourderie et de superficialite, une preuve que
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