etait le maitre de tous les
metiers, l'ouvrier devrait se soumettre a toutes les conditions, parce
qu'il ne saurait trouver d'autre besogne. Et ce soi-disant socialisme
d'Etat, _qui est en realite du capitalisme d'Etat_, ne ferait
qu'augmenter dans de notables proportions la dependance politique et
economique; l'esclavage economique augmenterait l'esclavage politique,
et celui-ci augmenterait et intensifierait l'esclavage economique."
Cela n'est pourtant pas exprime sans parti-pris. Les socialistes de
toute ecole combattent _ce socialisme d'Etat_, et ainsi Vollmar et
Liebknecht, Rodbertus meme, peuvent se tendre la main: ce n'est pas sans
raison qu'on les traite aussi de capitalistes d'Etat, et le mot
"soi-disant" joue le role de paratonnerre pour detourner l'attention.
"Le socialisme d'Etat dans le sens actuel est la _Verstaatlichung_[74]
poussee a l'extreme, la _Verstaatlichung_ des differentes branches de la
production, comme cela existe deja generalement pour les chemins de fer
et ainsi que l'on a essaye de le faire pour l'industrie du tabac. Petit
a petit on veut mettre un metier apres l'autre sous la dependance de
l'Etat, c'est-a-dire remplacer les patrons par l'Etat, continuer le
metier capitaliste, avec changement d'exploiteurs, mettre l'Etat a la
place du capitaliste prive."
Voila comment s'exprime Liebknecht. Mais les social-democrates
veulent-ils autre chose? Si les lois ouvrieres, proposees par la
fraction socialiste au Reichstag, etaient admises, est-ce que l'Etat ne
serait pas leur executeur? Qu'on le veuille ou non, on serait force
d'augmenter considerablement la competence de l'Etat. Lisez les _Fabian
Essays_[75] sur le socialisme et vous verrez que ce n'est autre chose
que du socialisme d'Etat. Lisez ce qu'ecrit Lacy[76]: "Le socialisme,
c'est la justice basee sur la raison et fortifiee par la puissance de
l'Etat. Ou bien: Le socialisme est la doctrine ou theorie qui assure que
les interets de chacun et de tous seront le mieux servis par la
subordination des interets individuels a ceux de tous. En reconnaissant
que les interets individuels ne peuvent etre assures et confirmes que
par l'autorite et la protection de l'Etat, il considere l'Etat comme
etant place au-dessus de tous les individus. Mais si l'essence de l'Etat
depend de l'existence des individus et si sa solidite est soumise a
l'harmonie qu'il y a entre ses unites individuelles, il faut qu'il
emploie son autorite de telle maniere qu'il fas
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