de
la liberte inviolable qui doit etre reservee a tout individu, en
opposition a la puissance de l'Etat et il dit: "L'unique cause pour
laquelle des hommes, individuellement ou unis, puissent limiter la
liberte d'un d'entre eux, est la conservation et la defense de soi-meme.
L'unique cause pour laquelle la puissance peut etre legitimement exercee
contre la volonte propre d'un membre d'une societe civilisee, c'est pour
empecher ce membre de nuire aux autres. Son propre bien-etre, tant
materiel que moral, n'y donne pas le moindre droit. Les seuls actes de
sa conduite pour lesquels un individu est responsable vis-a-vis de la
societe sont ceux qui ont rapport aux autres. Pour ceux qui le
concernent personnellement, son independance est illimitee. L'individu
est le maitre souverain de soi-meme, de son propre corps et esprit. Ici
se presente neanmoins encore une difficulte: Existe-t-il des actions qui
concernent uniquement celui qui en est l'auteur et n'ont d'influence sur
aucune autre personne?" Et Mill repond: "Ce qui me concerne peut, d'une
maniere mediate, avoir une grande influence sur d'autres" et il proclame
la liberte individuelle seulement dans le cas ou par suite de l'action
d'un individu, personne que lui n'est touche immediatement. Mais
existe-t-il une limite entre l'action mediate et l'action immediate? Qui
delimitera la frontiere ou l'une commence et l'autre finit?
A cote de la liberte individuelle, Mill veut encore, "pour chaque groupe
d'individus, une liberte de convenance, leur permettant de regler de
commun accord tout ce qui les concerne et ne regarde personne d'autre".
Nous ne voulons pas approfondir la chose, quoiqu'il faille constater que
Mill est souvent en opposition avec ses propres principes. Ainsi il
pense que celui qui s'enivre et ne nuit par la qu'a soi-meme, doit etre
libre de le faire, et que l'Etat n'a pas le moindre droit de s'occuper
de cette action. Qui proclamera que c'est uniquement a soi-meme qu'il
fait tort? Lorsque cet individu procree des enfants heritiers du meme
mal, ne nuit-il pas a d'autres en dotant la societe d'individus
gangrenes? Mais, dit Mill, des que, sous l'influence de la boisson, il a
fait du tort a d'autres, il doit dommages et interets et, a l'avenir, il
peut etre mis sous la surveillance de la police; mais, lorsqu'il
s'enivre encore, il ne peut etre puni que pour cela. Il n'a donc pas la
liberte de s'enivrer de nouveau, quoiqu'il ne fasse de tort a personne.
La gran
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