es theories de l'avenir",
pretend qu'elles signifient reellement: "Ne discutez pas notre theorie,
mais aidez-nous a la realiser". C'est-a-dire, on force la plupart a
suivre les meneurs, sans savoir si on ne va pas au devant de nouvelles
desillusions, qu'on aurait pu eviter en connaissant la direction vers
laquelle on marchait."
Deux remarques de Kropotkine et de Quinet s'imposent a la reflexion.
Elles sont tellement exactes que chaque fois que nous traitons ce sujet
elles nous reviennent a la memoire: D'abord celle de Quinet que la
caracteristique de la Grande Revolution est la temerite des actes des
_ancetres_ et la simplicite de leurs idees, c'est-a-dire des actes
ultra-revolutionnaires a cote d'idees timides et reactionnaires. En
second lieu, que l'on ne sait pas abandonner les organisations du passe.
On suppose l'avenir coule dans le meme moule que le passe contre lequel
on se revolte, et on est tellement attache a ce passe qu'on n'arrive pas
a marcher cranement vers l'avenir. Les revolutions n'ont pas echoue
parce qu'elles allaient trop loin, mais parce qu'elles n'allaient pas
assez loin. _Echouer_ n'est en somme pas le mot propre, car toute
revolution a donne ce qu'elle pouvait. Mais nous pretendons qu'elles
n'apporterent pas la delivrance des classes travailleuses et que
celles-ci, malgre toutes les revolutions, croupissent toujours dans
l'esclavage, la misere et l'ignorance.
La bourgeoisie de 1789 ne savait pas non plus ce que l'avenir
apporterait, mais elle savait ce qu'elle voulait et elle executa ses
projets. Depuis longtemps elle s'y preparait et lorsque le peuple se
revolta, elle le laissa collaborer a la realisation de son ideal,
qu'elle atteignit, en effet, dans ses grandes lignes.
Mais aujourd'hui il n'est presque plus permis de parler de l'avenir. Ce
n'est pas etonnant, la preoccupation principale etant de gagner des voix
aux elections. Lorsqu'on traite de cet avenir ou la classe intermediaire
des petits boutiquiers et paysans sera supprimee, on se fait de ces gens
des ennemis et il n'y a plus a compter sur les victoires socialistes aux
elections. Parlez-leur de reformes qui promettent de l'amelioration a
leur situation, ils vous suivront, mais des qu'on s'occupe du role de la
revolution, ils vous lachent. On doit bien se convaincre du role de la
revolution et eriger a cote de l'oeuvre de destruction de l'idee, celle
de sa revivification.
C'est difficile parce qu'il faut se defaire, pour y arriv
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