er, d'une masse
de prejuges, comme le dit Kropotkine: "Tous, nous avons ete nourris de
prejuges sur les formions providentielles de l'Etat. Toute notre
education, depuis l'enseignement des traditions romaines jusqu'au code
de Byzance que l'on etudie sous le nom de droit romain, et les sciences
diverses professees dans les universites, nous habituent a croire au
gouvernement et aux vertus de l'Etat-Providence. Des systemes de
philosophie ont ete elabores et enseignes pour maintenir ce prejuge. Des
theories de la loi sont redigees dans le meme but. Toute la politique
est basee sur ce principe; et chaque politicien, quelle que soit sa
nuance, vient toujours dire au peuple: "Donnez-moi le pouvoir, je veux,
je peux vous affranchir des miseres qui pesent sur vous. Du berceau au
tombeau, tous nos agissements sont diriges par ce principe."
Voila l'obstacle, mais si difficile qu'il soit a surmonter, on ne doit
pas s'arreter. Nous sommes forces, dans notre propre interet, de savoir
ce que l'avenir peut et doit nous apporter.
Il est donc inexact de pretendre que divers chemins menent au meme but;
non, on ne cherche pas a atteindre la meme solution, mais on suit des
lignes paralleles qui ne se touchent pas. Et, quoiqu'il soit possible
que l'avenir appartienne a ceux qui poursuivent la conquete du pouvoir
politique, nous sommes convaincus que, par les experiences qu'ils font
du parlementarisme, les ouvriers seront precisement gueris de croire a
la possibilite d'obtenir par la leur affranchissement. De tels
socialistes appartiennent a un parti radical de reformes, qui conserve
dans son programme la transformation de la propriete privee en propriete
collective, mais en mettant cette transformation a l'arriere-plan. Les
considerants du programme etaient communistes et on y indiqua le but a
atteindre; mais par le programme pratique on aida a la conservation de
l'Etat actuel. Il y avait donc contradiction entre la partie theorique
avec ses considerants principiels et la partie pratique, realisable dans
le cadre de la societe actuelle, toutes deux se juxtaposant l'une a
l'autre sans aucun trait d'union, comme nous l'avons prouve
precedemment.
Cela fut possible, au commencement, mais, par suite du developpement des
idees, cette contradiction apparut plus nettement. Ce qui ne se
ressemble ne s'assemble. Et ne vaudrait-il pas mieux se separer a la
bifurcation du chemin? Pas plus que precedemment, les marxistes
n'admettent qu'il y ait d
|