s aux parlements des Etats
existants et celui de la conquete du pouvoir politique par la classe
ouvriere."
Encore une fois, que peut-on raisonnablement objecter a cette
argumentation? Et c'est vraiment etrange que cette lettre inedite de
Bakounine, qui parut a la fin de l'annee derniere, ait ete absolument
ignoree par les social-democrates allemands. Pour dire vrai, cela n'est
pas etrange du tout, mais au contraire fort naturel. Car ces messieurs
ne desirent nullement se placer sur un terrain ou leur socialisme
autoritaire est aussi clairement et aussi veridiquement expose et
combattu.
On sait que Marx lui-meme pensait de cette facon, et nous ne comprenons
pas qu'Engels, qui si pieusement veilla sur l'heritage spirituel de son
ami, contemplat, en l'approuvant, le mouvement allemand, quoique dans
ses productions scientifiques, il se montrat quelque peu anarchiste.
D'etranges revelations ont cependant ete faites au sujet de la situation
de Marx vis-a-vis du programme social-democrate allemand. Car, alors
qu'universellement Marx etait considere comme le pere spirituel de ce
programme,--depuis 1875 le programme du parti,--on a appris par un
article qu'Engels publia en 1891 dans la _Neue Zeit_ contre le desir
formel de Bebel, que Marx, loin d'avoir ete l'inspirateur de ce
programme, l'avait vehementement combattu et qu'on l'avait adopte malgre
lui. La fraction social-democrate du Reichstag s'est donc rendue
coupable d'un veritable abus de confiance et rien n'a autant aide a
ebranler ma confiance dans les chefs du parti allemand que cette
inexcusable action. Quinze ans durant on a laisse croire aux membres du
parti que leur programme avait ete elabore avec l'approbation de Marx,
et le plus etonnant est que cela se soit fait avec l'assentiment tacite
de Marx et d'Engels qui, ni l'un ni l'autre, ne se sont opposes a cette
_pia fraus_. Des chefs de parti qui se permettent de pareilles erreurs
sont certes capables de bien d'autres choses encore. Voyons dans quels
termes reprobateurs, aneantissants meme, Marx critique ce programme: "Il
est de mon devoir de ne pas accepter, meme par un silence diplomatique,
un programme qu'a mon avis il faudrait rejeter comme demoralisant le
parti." Ce qui n'empeche nullement Marx de se taire et de ne pas
protester, le programme une fois adopte. En ce qui concerne la partie
"pratique" du programme, Marx dit: "Ses reclamations politiques ne
contiennent pas autre chose que l'antique et universe
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