lle litanie
democratique: suffrage universel, legislation directe, droit populaire,
etc. Elles ne sont qu'un echo du parti du peuple (_Volkspartei_)
bourgeois et de la ligue de la paix et de la liberte[52]." Et pour de
pareilles fariboles on engagerait la lutte contre le monde entier! Pour
des niaiseries semblables nous risquerions la prison, voire meme la
potence! Et plus loin: "Le programme tout entier, malgre ses fioritures
democratiques, est completement empoisonne par la croyance de "sujet a
l'Etat" de la secte lassallienne, ou bien, ce qui ne vaut guere mieux,
par la croyance aux merveilles democratiques, ou, plutot, par le
compromis entre ces deux sortes de croyance aux miracles, toutes deux
egalement eloignees du socialisme."
Marx dit encore: "Quel changement l'Etat subira-t-il dans une societe
communiste? En d'autres termes: Quelles fonctions sociales subsisteront,
analogues aux fonctions actuelles de l'Etat? A cette question, il faut
une reponse scientifique et on n'approche pas d'un saut de puce de la
solution en faisant mille combinaisons du mot _peuple_ avec le mot
_Etat_. Entre la societe capitaliste et la societe communiste il y a la
periode transitoire revolutionnaire. A celle-ci correspond une periode
transitoire politique dont la forme ne saurait etre que la dictature
revolutionnaire du proletariat." Fort judicieusement, Merlino dit a ce
sujet: "Marx a bien prevu que l'Etat sombrerait un jour, mais il a
renvoye son abolition au lendemain de l'abolition du capitalisme, comme
les pretres placent apres la mort le paradis."
Une lamentable mystification a donc eu lieu ici, contre laquelle on ne
saurait trop protester.
Au congres de Halle, dit Merlino, les social-democrates se sont
demasques: ils ont publiquement dit adieu a la revolution et desavoue
quelques theories revolutionnaires d'antan, pour se lancer dans la
politique parlementaire et dans le fatras de la legislation ouvriere. A
notre avis, on a _toujours_ suivi cette voie. Seulement, petit a petit,
tout le monde s'en est apercu. Si Marx juge le programme
social-democrate allemand "infecte, d'un bout a l'autre, de fetichisme
envers l'Etat", on est bien tente de croire qu'il y a quelque chose qui
n'est pas net! Liebknecht lui-meme ne reconnait-il pas que le parti
allemand--de 1875 a 1891, c'est-a-dire du moins du congres de Gotha au
congres d'Erfurt--professait le socialisme d'Etat? Au congres de Berlin,
au sujet du socialisme etatiste, Liebknec
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