es places qui appartenaient au
roi d'Angleterre en ces quartiers-la, ouvrirent leurs portes, et se
rendirent au roi sans resistance, excepte Montauban et quelques chateaux
des environs qui furent assieges et pris.
On n'etait encore qu'au mois d'aout, et la consternation etait si grande
parmi les Anglais, que Henri apprehenda pour la Gascogne. Il fut informe
que Louis etait sur le point de marcher vers cette province; et de plus,
quoiqu'on ne fit pas alors sur mer des armemens pareils a ceux qu'on a
vus depuis, cependant les armateurs des deux nations se faisaient une
cruelle guerre, ou les Anglais avaient du dessous pour l'ordinaire. Tant
de mauvais succes obligerent le roi d'Angleterre a demander la paix. Le
roi, tout porte qu'il etait a la douceur, ne voulut rien decider sans
l'avis de son conseil. Les conjonctures etaient des plus favorables pour
chasser de France les Anglais; mais on etait a la fin de la campagne.
Les chaleurs excessives avaient cause tant de maladies et de morts dans
l'armee, qu'elle en etait fort affaiblie: le roi lui-meme ne se portait
pas bien; et ce fut principalement cette derniere raison qui obligea le
conseil de ce prince a ecouter les propositions du roi d'Angleterre,
auquel on accorda, non pas la paix, mais une treve de cinq ans.
Rien ne pouvait arriver de plus heureux pour les seigneurs de la suite
de Henri: tous etaient reduits a la derniere misere. Ils quitterent
l'armee sans conge pour regagner leur pays; mais n'osant s'embarquer en
Gascogne, parce que l'ancien comte de Bretagne, feignant d'ignorer la
treve, infestait la Manche, ils demanderent la permission de passer par
la France. Le roi leur fit donner tous les passeports necessaires. C'est
une sorte de grace, disait-il, que je ne refuserai jamais a mes ennemis.
Ils traverserent donc tout le royaume pour se rendre a Calais, et en
furent quittes pour des railleries qu'il leur fallut essuyer.
Quelques courtisans voulurent aussi meler Henri dans leurs
plaisanteries; mais Louis leur imposa silence d'un ton tres-serieux.
_Quand ce ne serait pas_, leur dit-il, _fournir au roi mon frere un
pretexte de me hair, sa dignite merite bien qu'on en parle avec respect;
il faut esperer que les aumones et les bonnes oeuvres qu'on lui voit
faire, le tireront du mauvais pas ou les mechans l'ont jete par leurs
conseils imprudens_. Sentimens vraiment dignes d'un heros qui trouve
toujours des motifs de faire grace a un ennemi malheureux; sentimens
a
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