armee se mit a la debandade
sans vivres et sans provisions. Les bagages furent abandonnes et pilles;
le roi d'Angleterre y perdit sa chapelle, qui etait fort riche, et
plusieurs autres meubles precieux, dont les Francais profiterent.
Le roi, averti de la fuite du roi d'Angleterre, se consola de l'avoir
manque, par la reddition de Saintes, ou il fut recu avec une extreme
joie du peuple et du clerge. Il en sortit aussitot pour suivre l'armee
anglaise dont plusieurs soldats furent faits prisonniers. Il cessa de la
poursuivre, s'etant trouve incommode apres quelques lieues de chemin; et
le roi d'Angleterre, ne se croyant pas encore assez en surete a Blaye,
gagna Bordeaux, et mit la Garonne entre les Francais et lui.
Pour revenir au comte de la Marche, lorsque Pierre de Bretagne alla lui
annoncer les conditions auxquelles le roi lui pardonnait, elles lui
parurent si dures qu'il en demeura tout consterne, et fut quelque temps
sans parler, tant il etait penetre de douleur.
Mais le comte de Bretagne lui fit comprendre qu'il valait mieux
conserver une partie de ses etats, que de perdre le tout. Il faut
observer que, lorsqu'un seigneur vassal faisait la guerre a son
souverain, ce qui s'appelait tomber en felonie, le seigneur avait droit
de confisquer tous les biens de son vassal; et c'etait pour punir le
roi d'Angleterre de cette felonie, que Philippe-Auguste s'etait mis en
possession de la plus grande partie des fiefs que les predecesseurs de
Henri possedaient en France.
Le comte de la Marche prit enfin son parti, et apporta lui-meme au roi
le traite signe. Il se jeta a ses pieds pour lui demander pardon. La
reine, sa femme, dont l'orgueil ne fut jamais plus humilie qu'en cette
occasion, parut aussi en posture de suppliante. Le roi fit promettre
au comte sur-le-champ, qu'en vertu de son hommage et de sa qualite de
vassal, il accompagnerait au plus tot avec ses troupes, le comte de
Bretagne contre le comte de Toulouse qu'on avait pareillement resolu de
chatier.
La fuite du roi d'Angleterre causa la ruine de tout son parti en Poitou
et en Saintonge. Renaud de Pons employa le credit de tous les amis qu'il
avait a la cour pour faire sa paix: il l'obtint avec beaucoup de peine,
en se livrant lui-meme et sa ville de Pons a la misericorde du roi.
Guillaume, l'archeveque, seigneur de Partenay, en fit autant. Le vicomte
de Thouars, et tous les autres, racheterent de meme leur ruine prochaine
par une entiere soumission. Les autr
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