ussi dans un coeur tel que celui de saint Louis, conformes aux
preceptes de l'Evangile qui nous ordonne de pardonner a nos ennemis.
Le saint monarque fit plus encore, il usa des plus rudes menaces pour
obliger le comte de Bretagne a laisser la mer libre. Le roi d'Angleterre
en profita pour se retirer dans son royaume, ou les reflexions qu'il fit
sur sa malheureuse expedition lui oterent le desir de revenir desormais
soutenir en France les rebelles a leur souverain.
Ainsi finit l'annee 1242 qui termina, a la gloire de saint Louis, une
guerre dangereuse qui paraissait devoir ruiner la France: guerre civile
allumee par des vassaux egalement redoutables par leurs qualites
personnelles, par leurs alliances, par l'etendue, les richesses et la
puissance de leurs domaines; guerre etrangere projetee par les rois de
Navarre, de Castille et d'Aragon; conseillee par un grand empereur,
entreprise et soutenue par un monarque puissant en hommes et en
richesses. Louis, presque seul, trouva dans sa prudence et son courage
les moyens de resister a tant d'ennemis reunis; et, seul contre tous,
les reduisit a recourir a sa clemence et a ses bontes. Les rois
de Navarre, de Castille et d'Aragon, n'oserent se joindre au roi
d'Angleterre qui, vaincu deux fois, fut force de rentrer dans son ile,
et d'y paraitre dans l'etat le plus deplorable; enfin les vassaux
rebelles a la France, humilies et domptes, contraints de rentrer dans
leur devoir, sans pouvoir en sortir.
Quand on reflechit que Louis n'avait que vingt huit ans lorsqu'il
executa de si grandes choses, et que son caractere etait encore fort
au-dessus de sa fortune, on ne peut s'empecher de reconnaitre qu'un tel
prince, par ses grandes qualites et ses vertus, etait ne pour commander
a l'univers, et pour en faire le bonheur.
Louis, apres avoir pourvu a la tranquillite des pays qu'il venait de
soumettre, revint a Paris, et fut recu des habitans avec ces transports
de joie qu'ils ont coutume de faire eclater lorsqu'ils revoient leur
prince couvert de gloire, surtout lorsqu'il les a eux-memes preserves
des malheurs de la guerre.
Leur joie augmenta encore par la naissance d'un prince auquel la reine
Marguerite donna naissance dans le meme temps. Il fut tenu sur les fonts
par l'abbe de Saint-Denis, baptise par l'eveque de Paris, et nomme Louis
comme son pere et son aieul.
Apres avoir dompte les Anglais et les rebelles, le roi avait encore a
soumettre le comte de Toulouse. Il avait ete
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