a laquelle j'aurai pris part; je m'en irai loin
de ce pays.
J'avais ecoute avec une profonde attention l'etrange recit de Seguin.
L'eloignement que j'eprouvais auparavant pour cet homme, d'apres ce qu'on
m'avait dit de son caractere, s'effacait et faisait place a la compassion;
que dis-je? a l'admiration. Il avait tant souffert! Une telle infortune
expiait ses crimes et les justifiait pleinement a mes yeux. Peut-etre
etais-je trop indulgent dans mon jugement. Il etait naturel que je fusse
ainsi. Quand cette revelation fut terminee, j'eprouvai une vive emotion de
plaisir. Je sentis une joie profonde de savoir qu'elle n'etait pas la
fille d'un demon, comme je l'avais cru. Seguin sembla penetrer ma pensee,
car un sourire de satisfaction, de triomphe, je pourrais dire, eclaira sa
figure. Il se pencha sur la table pour atteindre la bouteille.
--Monsieur, cette histoire a du vous fatiguer. Buvez donc.
Il y eut un moment de silence, pendant que nous vidions nos verres.
--Et maintenant, monsieur, vous connaissez, un peu mieux qu'auparavant, le
pere de celle que vous aimez. Etes-vous encore dispose a l'epouser?
--Oh! monsieur! plus que jamais elle est un objet sacre pour moi.
--Mais il vous faut la conquerir de moi, comme je vous l'ai dit.
--Alors, monsieur, dites-moi comment; je suis pret a tous les sacrifices
qui ne depasseront pas mes forces.
--Il faut que vous m'aidiez a retrouver sa soeur.
--Volontiers.
--Il faut venir avec moi au desert.
--J'y consens.
--C'est assez. Nous partons demain.
Il se leva, et se mit a marcher dans la chambre.
--De bonne heure? demandai-je, craignant presque qu'il me refusat une
entrevue avec celle que je brulais plus que jamais d'embrasser.
--Au point du jour, repondit-il, semblant ne pas s'apercevoir de mon
inquietude.
--Il faut que je visite mon cheval et mes armes, dis-je en me levant et en
me dirigeant vers la porte, dans l'espoir de la rencontrer dehors.
--Tout est prepare; Gode est la. Revenez mon ami; elle n'est point dans la
salle. Restez ou vous etes. Je vais chercher les armes dont vous avez
besoin.--Adele! Zoe!--Ah! Docteur, vous etes revenu avec votre recolte de
simples! C'est bien! Nous partons demain. Adele, du cafe, mon amour! Et
puis, faites-nous un peu de musique. Votre hote vous quitte demain.
Zoe s'elanca entre nous deux avec un cri.
--Non, non, non, non! s'ecria-t-elle, se tournant vers l'un et vers
l'autre avec toute l'energie d'un coe
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