ppose? Comment y suis-je venu? Ou m'avez-vous trouve?
--Dans une terrible position, me repondit-il avec un sourire. Je puis a
peine reclamer le merite de vous avoir sauve. C'est votre noble cheval que
vous devez remercier de votre salut.
--Ah! mon cheval! mon brave Moro, je l'ai perdu!
--Votre cheval est ici, attache a sa mangeoire pleine de mais, a dix pas
de vous. Je crois que vous le trouverez en meilleur etat que la derniere
fois que vous l'avez vu. Vos mules sont dehors. Vos bagages sont
preserves, ils sont la.
Et sa main indiquait le pied du lit.
--Et?...
--Gode, voulez-vous dire? interrompit-il; ne vous inquietez pas de lui. Il
est sauf aussi; il est absent dans ce moment, mais il va bientot revenir.
--Comment pourrai-je jamais reconnaitre?... Oh! voila de bonnes nouvelles.
Mon brave Moro? mon bon chien Alp! Mais que s'est-il donc passe? Vous
dites que je dois la vie a mon cheval? Il me l'a sauvee deja une fois.
Comment cela s'est-il fait?
--Tout simplement: nous vous avons trouve a quelques milles d'ici, sur un
rocher qui surplombe le Del-Norte. Vous etiez suspendu par votre _lasso_,
qui, par un hasard heureux, s'etait noue autour de votre corps. Le lasso
etait attache par une de ses extremites a l'anneau du mors, et le noble
animal, arc-boute sur les pieds de devant et les jarrets de derriere
ployes, soutenait votre charge sur son col.
--Brave Moro, quelle situation terrible!
--Terrible! vous pouvez le dire! Si vous etiez tombe, vous auriez franchi
plus de mille pieds avant de vous briser sur les roches inferieures.
C'etait en verite une epouvantable situation.
--J'aurai perdu l'equilibre en cherchant mon chemin vers l'eau.
--Dans votre delire, vous vous etes elance en avant. Vous auriez
recommence une seconde fois si nous ne vous en avions pas empeche. Quand
nous vous eumes hale sur le rocher, vous fites tous les efforts
imaginables pour retourner en arriere; vous voyiez l'eau dessous, mais
vous ne voyiez pas le precipice. La soif est une terrible chose: c'est une
veritable frenesie.
--Je me souviens confusement de tout cela. Je croyais que c'etait un reve.
--Ne vous tourmentez pas le cerveau. Le docteur me fait signe qu'il faut
que je vous laisse. J'avais quelque chose a vous dire, je vous l'ai dit
(ici un nuage de tristesse obscurcit le visage de mon interlocuteur);
autrement je ne serais pas entre vous voir. Je n'ai pas de temps a perdre;
il faut que je sois loin d'ici cette nu
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