it meme. Dans quelques jours, je
reviendrai. Pendant ce temps, remettez vos esprits et retablissez votre
corps. Le docteur aura soin que vous ne manquiez de rien. Ma femme et ma
fille pourvoiront a votre nourriture.
--Merci! merci!
--Vous ferez bien de rester ici jusqu'a ce que vos amis reviennent de
Chihuahua. Ils doivent passer pres de cette maison, et je vous avertirai
quand ils approcheront. Vous aimez l'etude; il y a ici des livres en
plusieurs langues; amusez-vous. On vous fera de la musique. Adieu,
monsieur!
--Arretez, monsieur, un moment! Vous paraissiez avoir un caprice bien vif
pour mon cheval.
--Ah! monsieur, ce n'etait pas un caprice; mais je vous expliquerai cela
une autre fois. Peut-etre la cause qui me le rendait necessaire
n'existe-t-elle plus.
--Prenez-le si vous voulez; j'en trouverai un autre qui le remplacera pour
moi.
--Non, monsieur. Pouvez-vous croire que je consentirais a vous priver d'un
animal que vous aimez tant et que vous avez tant de raisons d'aimer? Non,
non! gardez le brave Moro; je ne m'etonne pas de l'attachement que vous
portez a ce noble animal.
--Vous dites que vous avez une longue course a faire cette nuit; prenez-le
au moins pour cette circonstance.
--Cela, je l'accepte volontiers, car mon cheval est presque sur les dents.
Je suis reste deux jours en selle. Eh bien, adieu.
Seguin me serra la main et se dirigea vers la porte. Ses bottes armees
d'eperons resonnerent sur le plancher; un instant apres, la porte se ferma
derriere lui. Je demeurai seul, ecoutant tous les bruits qui me venaient
du dehors. Environ une demi-heure apres qu'il m'eut quitte, j'entendis le
bruit des sabots d'un cheval, et je vis l'ombre d'un cavalier traverser le
champ lumineux de la fenetre. Il etait parti pour son voyage; sans doute
pour l'accomplissement de quelqu'une de ces oeuvres sanglantes qui se
rattachaient a son terrible metier! Pendant quelque temps je pensai a cet
homme etrange, et je ressentis une grande fatigue d'esprit. Puis mes
reflexions furent interrompues par des voix douces; devant moi se tenaient
deux figures aimables, et j'oubliai le chasseur de chevelures.
XIII
AMOUR
Je voudrais pouvoir renfermer en dix mots l'histoire des dix jours qui
suivirent. Je tiens a ne pas fatiguer le lecteur de tous les details de
mon amour; de mon amour qui, dans l'espace de quelques heures, avait
atteint les limites de la passion la plus ardente et la plus profonde.
J'etais j
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