t-Remi de Dieppe, partit donc en 1640 pour le Canada
avec son frere aine, Jacques, et leur oncle. Il avait alors quatorze
ans.
Plus tard, deux de leurs soeurs, Jeanne et Marie, vinrent de France et
se joignirent a eux.
Charles Le Moyne accompagna d'abord les PP. Jesuites dans le pays des
Hurons, et resta avec eux jusqu'a l'age de vingt ans.
Il devint un guide sur et un interprete consomme. Il connaissait tous
les sentiers du pays, et avait appris plusieurs dialectes. Enfin, il
s'etait familiarise avec la tactique des sauvages, a l'egal des colons
les plus capables. Il s'habillait comme les sauvages, et se transformait
quand il voulait, sans pouvoir etre reconnu comme etranger; d'ailleurs
il trouvait ce costume plus commode pour la marche et pour la chasse. Il
savait parfaitement se servir des raquettes, de la hache et de l'aviron,
"sans lesquels on ne peut rien dans ce pays." Enfin, il etait devenu,
dans des expeditions continuelles, d'une taille et d'une force
extraordinaires. C'est ce qui apparait dans le portrait decouvert a
Paris par l'editeur des documents sur les pays d'outre-mer, M. Margry.
En 1646, M. de Montmagny ayant vu Duchesne et son neveu, voulut
tirer parti de leurs bonnes qualites, et il les attacha aux nouveaux
etablissements francais du Saint-Laurent. Il envoya Duchesne a
Trois-Rivieres et Charles Lu Moyne a Montreal, tous deux comme
interpretes.
Montreal, ou Charles Le Moyne se rendit en 1646, etait un poste
avantageux, et comme une sentinelle avancee a 60 lieues de Quebec, au
milieu des etablissements sauvages. C'est la qu'il devait faire eclater
ses qualites hors ligne.
Cette position avait ete signalee des le commencement par Jacques
Cartier et ensuite par Champlain. On pensait que ce jugement avait ete
confirme par une inspiration divine envoyee a ceux qui devaient etre les
fondateurs de cette nouvelle colonie: M. Olier et M. de La Dauversiere,
ainsi que nous l'avons dit precedemment.
La position etait favorable. Placee sur une eminence de deux milles de
longueur, entre le grand fleuve et une petite riviere, l'habitation
etait environnee d'eau de toutes parts. Le fleuve la mettait a l'abri
de la surprise des ennemis, et on arriere une haute montagne, toute
couverte d'arbres seculaires, protegeait contre les vents du nord. [4]
[Note 4: Notice sur Montreal. Paris, 1869.]
Cette habitation si bien defendue avait en meme temps un aspect
attrayant. Elle etait environnee des plus beau
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