is, ils avaient cru
a une fausse alerte des sauvages. Tous se rendirent, sans essayer de
combattre, et demanderent a etre renvoyes en Angleterre. On trouva dans
le fort douze canons de six a huit livres, trois mille livres de poudre
et dix mille de plomb, que les artilleurs canadiens, qui possedaient un
moule a boulets, commencerent a utiliser.
On prit quinze hommes dans ce fort, nous dit le Pere Silvy, et on en
aurait pris encore quinze autres, sans une barque que nos decouvreurs
avaient apercue la veille, mais elle etait partie le soir pour le fort
Rupert, avec le commandant de Monsipi, qui etait designe pour remplacer
le commandant general de la Baie, et qui, en consequence, etait alle
faire faire des travaux a Rupert. "Nous fumes bien faches, dit le Pere
Silvy, de l'avoir manque, et comme sa barque nous etait necessaire pour
porter du canon au fort Kichichouane (qui avait cinquante canons en
batterie), on prit la resolution de la suivre et de s'en aller attaquer
Rupert, esperant enlever le fort et le vaisseau du meme coup".
Il y avait quarante lieues, et elles furent faites en cinq jours,
jusqu'au 1er juillet. D'Iberville conduisait une chaloupe portant
deux pieces de canon. Quand on fut arrive a une certaine distance,
Sainte-Helene eut ordre d'aller a la decouverte. Il se glissa a travers
les arbres et les rochers, et il prit connaissance de la position. Le
fort etait de la meme construction que le fort Monsipi, avec cette
particularite que la redoute n'etait pas au milieu de l'enceinte, que
le toit etait sans parapets, et que quatre bastions environnaient la
redoute avec huit pieces de canon. En fin, de Sainte-Helene remarqua
une echelle attachee le long du mur de la redoute pour se sauver en cas
d'incendie.
Le chevalier de Troyes prit aussitot ses dispositions: il debarqua des
canons, fit faire des affuts et preparer les grenades; on disposa des
madriers pour le travail du mineur qui devait aller placer ses pieces
d'artifice sous le mur de la redoute.
En meme temps, d'Iberville partit avec douze hommes dans sa chaloupe,
afin d'aborder le vaisseau au milieu de la nuit. Ils savaient que
Brigueur, le gouverneur, devait s'y trouver. Arrives au vaisseau, ils
virent la sentinelle endormie; c'est ce que l'on pouvait prevoir sur une
mer eloignee de toute menace d'attaque. On ne laissa pas a la sentinelle
le temps de donner l'alarme.
D'Iberville frappa alors du pied sur le pont pour reveiller les gens,
comme c'
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