mers du Nord. Dans le jour, ils
pouvaient contempler un ciel d'un eclat et d'une purete extraordinaires,
qui tranchait sur la blancheur des neiges, et les glaces, qui
s'etendaient a perte de vue. Pendant la nuit, les aurores boreales
apparaissaient avec leurs lueurs plus blanches que l'albatre et variant
a chaque instant. Autour du navire, tout un peuple d'amphibies, de loups
et de veaux marins couvraient les rivages; ils offraient aux chasseurs
une proie facile. Dans le ciel, des volees d'oiseaux enormes: les
outardes, les goelands remplissaient les airs, et ils etaient en si
grande quantite que La Potherie nous dit qu'on pouvait les prendre par
milliers.
Tandis qu'on pouvait se livrer a la chasse, on pouvait aussi s'occuper a
la peche, qui offrait une proie abondante.
On etait encore sur les glaces lorsqu'on vit arriver une bande de
sauvages esquimaux avec qui l'on se mit en rapport. M. de La Potherie
donne de grands details sur ces habitants etranges des mers du pole. Il
nous dit comme leurs vetements, leurs armes et tous les objets a leur
usage sont admirablement adaptes au climat qu'ils doivent habiter.
Ils portent un surtout fait de fourrures tres epaisses, avec des gilets
et des hauts-de-chausse de peau. Le tout est cousu avec les nerfs les
plus delicats des animaux et "avec une perfection dont les couturieres
europeennes n'approchent pas". Par-dessus leurs chausses, ils mettent
deux paires de bottes l'une sur l'autre, alternees avec des chaussons
de peau. Ils prennent donc plus de precautions contre le froid que les
Europeens, mais aussi il parait qu'ils ne connaissent pas les infirmites
qui affligent les peuples qui se disent civilises.
Leurs canots de peaux de loups marins montees sur des os de baleine,
sont une invention merveilleuse pour braver la fureur des flots. Ils
sont tout couverts sur le dessus, a la reserve d'une ouverture ou les
navigateurs se mettent; elle est si bien ajustee qu'il n'y entre jamais
d'eau. Ils les gouvernent tres facilement avec une rame de quatre pieds
de longueur, arrondie aux deux extremites et qu'ils savent manoeuvrer
avec une rapidite extraordinaire.
Le _Pelican_ remit a la voile et arriva le 3 septembre en vue du fort
Nelson, n'ayant pas de nouvelles des autres batiments.
Le 5 septembre, l'on vit arriver trois vaisseaux que l'on prit pour
l'escadre: grand mouvement a bord et grande joie. On bat aux champs
et l'on arbore les pavillons de bienvenue. Mais, etonnement
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