actions de graces et on chanta le _Te
Deum_.
L'emotion du Pere Douay, qui etait un saint homme, etait au comble, et
il sut la communiquer a son auditoire. "C'etait une terre nouvelle,
conquise au Sauveur, ou son nom serait beni et exalte", et il faut
reconnaitre que les fervents chretiens auxquels il s'adressait pouvaient
comprendre ces pieux sentiments. Quant a d'Iberville, comme l'avait deja
remarque le Pere Marest dans l'expedition de la baie d'Hudson, il etait
toujours le premier a donner l'exemple dans les manifestations de la
piete.
L'equipage, avant de continuer sa course, resta au repos sous les arbres
pour se remettre des fatigues des jours precedents.
"Nous sentons, dit M, d'Iberville, couches sur des roseaux et a l'abri
du mauvais temps, le plaisir qu'il y a de se voir delivres d'un peril
evident."
Le lendemain, mercredi des Cendres, la messe fut encore celebree, et les
gens recurent les cendres, avec les officiers en tete.
On commenca ensuite a remonter la riviere. A quelques lieues on
trouva ce que les precedents explorateurs avaient appele une fourche,
c'est-a-dire une division de la riviere en trois courants differents.
C'etait une confirmation de toutes les antres indications que M. de La
Salle avait donnees sur l'embouchure du Mississipi.
Apres ces assurances, pour faire acte de possession au nom de l'Eglise,
M. d'Iberville fit planter une croix par ses hommes, et le Pere Recollet
la benit solennellement, pendant que les matelots l'entouraient a genoux
et chantaient le:
Vexilla regis prodeunt,
Fulget crucis mysterium...
M. d'Iberville commenca a remonter la riviere. Etant arrive au 30e degre
de latitude et au-dessus du Delta il continua sa navigation pour prendre
connaissance du pays et de ses ressources.
Il rencontra d'abord le village des Bayagoulas, dont plusieurs habitants
etaient venus le visiter au port de Biloxi; la il trouva le meilleur
accueil.
Ensuite, il alla au site des Mahongoulas, ou l'un des chefs lui vendit,
pour une hache, une lettre de M. de Tonty, adressee a M. de La Salle,
dans laquelle il lui disait qu'il etait venu a son secours, et qu'il
avait trouve toutes les nations des rives du fleuve bien disposees pour
les Francais.
M. d'Iberville reconnut la verite de ces dispositions et il continua sa
course.
Le pays apparaissait dans toute sa beaute. "Les terres sont les plus
belles que l'on puisse jamais voir; elles sont traversees par une
infinite de b
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