erable, allant, en droite ligne, du
Mississipi dans la direction de l'est, il s'abandonna a ce courant qui,
suivant sa prevision, allait se jeter vers la baie de Biloxi. C'est
cette riviere que l'on a nommee la riviere d'Iberville, d'apres celui
qui l'avait decouverte. Elle a 25 lieues d'etendue. Elle lui epargna
l'immense parcours qu'il lui aurait fallu faire pour descendre le
Mississipi avec tous ses detours jusqu'a la mer, au 29e degre, et
pour remonter jusqu'au 30e degre a Biloxi. C'etait pres de 100 lieues
d'epargnees. Cette riviere offrait bien des portages, mais elle revelait
un pays magnifique, d'une grande abondance en poisson et gibier. On vit
passer sur les rives, par centaines, des troupeaux de boeufs au galop.
La riviere su jetait dans le lac Maurepas, qui est la suite du lac
Pontchartrain, et de la, M. d'Iberville arrivait le 30 mars a Biloxi,
ayant fait 300 lieues environ on 30 jours, y compris les stations aux
differentes nations sauvages.
La, M. d'Iberville ecrivit sur son journal: "Depuis un mois de sejour,
un peu de curiosite eut du encourager les personnes qui sont restees, a
faire sonder les environs de cette rade avec leurs traversieres." Puis,
reflechissant que cela exprimait un blame pour ses subordonnes, il a
efface cette phrase pour qu'elle ne fut pas mise dans la copie qu'il
devait envoyer au ministre. Les jours suivants, le sondage fut accompli
par M. d'Iberville.
Apres cette exploration, il jugea qu'il n'y avait pas d'endroit plus
convenable que la baie de Biloxi pour l'erection d'un fort, et il fit
aussitot abattre des arbres en quantite suffisante. Ces arbres etaient
d'un bois si dur que les haches s'y brisaient. Aussitot une forge fut
etablie pour reparer les haches a mesure de l'exploitation.
A la fin du mois, le fort etait termine. Aussitot on fait descendre les
canons avec leurs affuts; on fait aussi installer les vaches et les
volailles, puis l'on seme des pois des feves et du mais a l'entour du
fort. Les Espagnols vinrent alors pour visiter les Francais. Ils virent
le fort et purent en admirer l'ordonnance.
Cela pouvait leur donner a reflechir, mais M. d'Iberville s'en
inquietait peu. Il avait juge ces Espagnols comme des hommes de peu
d'importance, et il fait cette reflexion: "Les Espagnols etablis dans
ces contrees se sont beaucoup nui par leurs alliances avec les Indiens.
Les enfants provenant de ces unions, tenaient beaucoup plus du sang
sauvage que du sang espagnol: il
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