que des nations sauvages avaient quitte leur position
au nord pour s'etablir dans un climat plus favorable au sud. Entre
autres, il en etait ainsi des Tuscaroras, une des cinq nations
iroquoises etablies pres du lac Ontario, qui avaient quitte leurs foyers
depuis quelques annees, attires par la douceur du climat du sud, et qui
etaient venus se fixer dans la Caroline, et cela, parait-il, lui suggera
des idees pour l'avenir. Par une disposition particuliere, les pays du
sud qui etaient les plus doux et les plus fertiles etaient les moins
peuples, et les populations les plus nombreuses etaient au nord. Du
golfe du Mexique jusqu'a l'entree du Missouri, on comptait une vingtaine
de petites nations, et ces nations n'etaient composees que de quelques
familles, 30 ou 40, et pas davantage.
Pour exploiter tous ces pays, il aurait fallu que les nations du Nord
qui sont tres nombreuses, comme les Sioux, les Ottawas, les Illinois,
fussent determinees a descendre dans la proximite du golfe, ce qui
serait d'un immense avantage pour eux et pour les Francais qui
voudraient traiter avec eux.
Cette idee, si etrange qu'elle puisse paraitre, etait deja venue a
plusieurs de ces nations, meme les plus sauvages, et, comme nous l'avons
dit, les Tuscaroras etaient etablis dans la Caroline.
Le 18 du mois de mai, comme il avait ete convenu, M. de Bienville, qui
avait ete en excursion a l'ouest du Mississipi, revint a Biloxi. Il
avait fait peu de chemin, et avait rencontre peu d'indigenes. A cette
epoque de l'annee, la fonte des neiges faisait deborder toutes les
rivieres affluant au Mississipi, qui sortait de ses rives. L'on pouvait
a grande peine remonter la force des courants, et l'on ne pouvait
aborder, parce, que toutes les cotes etaient submergees a une grande
distance. M. de Bienville avait donc peu de renseignements a fournir a
son frere.
Le 19 de mai, M. de Montigny et M. Davion arriveront avec deux chefs
sauvages des Natchez et des Tonicas.
M. de Montigny etait tellement accable de fatigue, qu'il crut devoir
demander de repasser en France. Il pouvait utiliser son voyage en
demandant des pretres a la maison des Missions etrangeres a Paris. On
pensait neanmoins qu'il etait deja decourage du peu de succes qu'il y
avait a esperer parmi ces populations legeres et depravees du Sud.
Le 16 mai, M. d'Iberville donna des instructions a M. de Sauvalle sur ce
qu'il y aurait a faire pendant son absence.
"Il insiste sur la necessite de
|