se faire accorder une paix qui lui assurait une autorite encore
preponderante en Europe.
Le roi, des le commencement, avait juge dans sa sagesse qu'il ne pouvait
prolonger indefiniment une lutte, qui etait un si rude fardeau pour
ses sujets. Aussi, plusieurs fois il chercha a se faire accorder des
conditions convenables d'arrangement, qui furent rejetees avec dedain,
par des ennemis fiers de leur puissance et confiants dans leur nombre.
Alors le souverain, decu dans ses tentatives, resolut de demander a la
victoire ce que les voies de conciliation n'avaient pu obtenir, et il
y reussit d'une maniere inesperee, grace a cette force et a cette
intrepidite qui se revelerent encore si merveilleusement dans le peuple
qu'il gouvernait.
Il put mettre 400,000 hommes sur pied, des troupes aguerries et
habituees a vaincre. Il disposa ses forces et ses generaux suivant les
centres d'attaque, et, la victoire secondant ses desseins, il inspira
a la France un elan et un enthousiasme dignes de la plus grande nation
militaire.
Les succes etaient si nombreux, si multiplies, que les coalises, tout en
esperant qu'ils finiraient par lasser la France et l'accabler, pouvaient
prevoir qu'ils sortiraient, d'ici la, epuises et aneantis.
An bout de dix ans de lutte les Anglais et les Hollandais reclamaient
la paix. Dans ce laps de temps, les Francais avaient remporte plusieurs
victoires et enleve aux ennemis pour pres d'un milliard de marchandises.
Les Espagnols ne savaient quel sort attendre: ils avaient ete chasses
de la Navarre et du Roussillon; ils avaient perdu la Catalogne avec les
villes principales: Gironne et Barcelone.
Le roi de Savoie avait perdu plusieurs batailles rangees, et il avait vu
succomber dix villes principales.
L'Allemagne avait ete chassee de la Flandre, de la Lorraine, de la
Franche-Comte, du Palatinat, et, dans toute la confederation, l'on ne
savait que prevoir.
La paix de Ryswick, appuyee par les succes des armees de terre et de
mer, dans lesquels les exploits d'Iberville au nord de l'Amerique
eurent leur part, avait calme les esprits, et conservait a la France un
prestige incomparable.
Le roi avait, fait, il est vrai, de grandes concessions, mais il avait
gagne bien des avantages, etant on paix avec l'Allemagne et avec
l'Espagne. Il savait en ce moment que, malgre les efforts de l'Autriche,
la succession au trone d'Espagne etait assuree a l'un de ses enfants.
Il avait reconnu l'autorite du roi
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