d'Angleterre, et n'avait rien a
craindre de ce cote.
Debarrasse de ses plus grands soucis, il ne songea plus qu'a retablir
les finances, a procurer le bien-etre a ses sujets et a assurer la
prosperite des etablissements exterieurs.
Il licencia la moitie de ses troupes, reduisit les impots, suivant les
sages traditions laissees par Colbert, et commenca a donner le plus
grand essor aux Indes Orientales. La France y possedait un territoire
immense, avec des points d'une grande importance, parmi lesquels
Chandernagor et Pondichery, qui, en quelques annees, devaient compter
50,000 ames.
Quant aux Indes Occidentales, le roi en comprenait tres bien
l'importance. Il pensait, d'apres Vauban, que l'on pouvait y etablir
l'un des plus grands royaumes du monde, avec la Nouvelle-France, le
cours du Mississipi, la Louisiane, et enfin les Antilles francaises,
dont Saint-Domingue formait la partie principale.
Saint-Domingue donnait la clef des possessions espagnoles du Mexique, du
Perou, du Quito, en fournissant l'acces a Carthagene, a Porto Bello et a
la Vera Cruz.
Quant a l'embouchure du Mississipi, son occupation donnait l'acces aux
richesses de la Louisiane, que Sa Majeste avait fait decouvrir depuis
plusieurs annees, et qui revelaient "dans le nouveau monde un monde
nouveau."
Les nouvelles que M. d'Iberville apportait repondaient bien aux desseins
des autorites souveraines. Il arriva en France aux premiers jours de
juillet 1699. Il commenca par licencier son monde et decharger ses
batiments, et en meme temps il envoyait une copie de son journal a M. de
Pontchartrain, ministre de la marine.
Celui-ci lui en accusa aussitot reception. Il lui demanda de plus
amples details pour la satisfaction du roi, et en meme temps il lui fit
pressentir la necessite d'un second voyage.
On destina aussitot deux batiments, la _Renommee_, de 45 canons, et la
_Gironde_, pour la nouvelle entreprise.
M. de Pontchartrain voyait que les oppositions ne manquaient pas, mais
il savait que le roi ne voulait en tenir aucun compte.
Les gens de Montreal, parmi lesquels M. de Longueuil et M. Le Ber, les
plus proches parents de M. d'Iberville, avaient ecrit que l'occupation,
du sud de l'Amerique pouvait nuire gravement aux etablissements de la
Nouvelle-France.
Le gouverneur de Saint-Domingue, de son cote, voyait avec ombrage cette
nouvelle expedition; il pensait que ce serait une disgrace pour les
possessions francaises aux Antilles.
Il
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