s etaient chetifs, mous et sans energie.
Je suis certain, ajoutait-il, qu'avec 500 Canadiens, je pourrais enlever
le Mexique, ou se trouvent tant de tresors."
Toute cette expedition du Mississipi avait augmente l'estime que M.
d'Iberville avait de ses compagnons d'armes canadiens.
Il les avait vus inebranlables dans les plus grandes fatigues,
intrepides, ne reculant devant aucun danger, infatigables dans les
marches et dans toutes les manoeuvres. Il avait pu reconnaitre avec une
sensible complaisance que ses compatriotes etaient au moins egaux a ces
flibustiers de Saint-Domingue, que l'on regardait comme les hommes les
plus audacieux qu'il y eut alors dans le monde.
De plus, il les avait trouves d'une ressource precieuse dans les
relations avec les sauvages, sachant les gagner par leurs egards et leur
amabilite, et pouvant s'en faire comprendre par la connaissance des
langues sauvages du Nord, dont beaucoup d'expressions avaient penetre
sur les cotes du golfe. Cela etait du aux Tuscaroras, nation iroquoise
etablie depuis longtemps dans le voisinage du Mississipi, dans la
province de la Caroline.
Le Pere Anastase, vu ses fatigues et son grand age, avait manifeste le
desir de revenir en France, ce que M. d'Iberville accorda aussitot. Il
fit venir au fort le jeune aumonier de la _Badine_. Mais lorsque les
fetes arriverent, c'est-a-dire le dimanche des Rameaux, le 12 avril, le
Pere Anastase se fit conduire en chaloupe, par M. de Beauharnois, au
fort, pour confesser tous ceux qui se presenterent. Il y revint encore
le jeudi saint, y resta jusqu'au jour de Paques, dit la messe, et le
soir, il y eut sermon et vepres. Apres quoi il revint aux vaisseaux pour
faire faire les paques aux gens. Il y eut encore confession, messe et
communion.
Tout etant regle, M. d'Iberville laissa au fort pres de 14,000 rations,
et de plus, il envoya un traversier a M. Ducasse pour avoir des vivres.
Lui-meme ne devait pas prendre ce chemin, mais profiter du Gulf-Stream
pour sortir du golfe du Mexique.
Il dit: "Le 2 mai, j'ai etabli les offices du fort. J'ai fait
reconnaitre le sieur de Sauvalle, enseigne de vaisseau, pour commander;
c'est un garcon sage et de merite. J'ai mis mon frere de Bienville, age
de 18 ans, comme lieutenant, et Levasseur-Boussonelle comme major.
Je leur laisse 70 hommes, les mousses et, de plus, les equipages des
traversieres."
Il laissait les mousses pour sejourner parmi les sauvages afin
d'apprendre leur lan
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