carguer ses
voiles, et, virant de bord, il se derobe a une lutte qu'il n'ose pas
affronter.
D'Iberville ne perd pas un instant. Il continue sa course et se dirige
entre les deux autres vaisseaux. En passant pres du _Derring_, il le
foudroie avec sa batterie de droite. Il se retourne vers le _Hudson
Bay_, et lui envoie sa bordee de gauche, puis il revient vers le
_Hampshire_, qui, voyant le Pelican aux prises avec deux vaisseaux,
avait decide de se remettre en ligne. Les deux batiments anglais
avaient peine a se retablir; les manoeuvres etaient hachees, les voiles
criblees, les canons renverses, les blesses nombreux.
Cependant, d'Iberville voyant que ce qu'il avait voulu eviter allait
se realiser, si les trois navires se reunissaient, marcha droit sur le
_Hampshire_. Pendant ce temps, les trois navires se remirent en ligne et
tiraient a la fois, criblant le _Pelican_, mais sans blesser beaucoup de
monde, les gens d'Iberville etant si exerces a se garer a chaque bordee.
Ils jugeaient de la direction des coups, et suivant leur portee, ils
montaient dans les manoeuvres avec la rapidite la plus extraordinaire,
ou se garaient dans l'entrepont, puis ils revenaient sur le tillac en
poussant des cris de defi.
_Le Hampshire_, voyant l'inutilite de toutes ses volees de canons, se
decida enfin a aborder le _Pelican_, reservant son feu pour frapper son
adversaire d'aussi pres que possible. Il commenca par chercher a prendre
le vent pour revenir sur le _Pelican_ avec plus de force, mais, la
eclata l'inhabilete des marins anglais; ils ne purent reussir dans cette
manoeuvre, et su retrouverent cote a cote avec le _Pelican_, qui les
prolongeait et les suivait dans tous leurs mouvements.
C'est alors qu'arriva l'evenement le plus considerable du combat.
Les navires etaient si pres l'un de l'autre que les hommes
s'apostrophaient des deux bords. Les Anglais criaient aux Francais
qu'ils vinssent leur rendre visite, et, voyant M. de La Potherie qui
avait le visage tout noir de poudre, ils s'ecrierent: "Ali! quel beau
visage de Guinee."
Le _Hampshire_ se voyant a portee de pistolet, lanca sa bordee, qui
n'eut presque pas de prise sur l'equipage etendu a plat sur le pont.
Alors, d'Iberville riposta. Tous ses canons etaient pointes a couler
bas, et il envoya si bien sa bordee que le _Hampshire_ ne put faire
que quelques brasses et sombra completement sous voiles, avec tout son
monde, qui comprenait 150 combattants.
Les deux aut
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