s rencontres. Les
sauvages arrivaient en presentant, en signe de bienvenue, une enorme
pipe longue d'une aune, ornee dans toute sa longueur d'une immense
quantite de plumes disposees en forme d'un vaste eventail; c'est
ce qu'ils appelaient "le calumet". Ils le chargeaient de tabac,
l'allumaient, puis le presentaient au nouvel arrive. M. d'Iberville, qui
n'avait jamais fume, nous dit-il, n'en pouvait supporter le gout, mais
il ne disait rien, fumait et refumait avec la plus grande complaisance.
Penicaud rend compte d'une de ces ceremonies, qui fut plus solennelle
que les autres.
Les chefs des cinq nations que nous venons de nommer vinrent au fort
avec leurs hommes. Ils chantaient tous. Ils commencerent par dresser un
poteau orne de verdure et de couleurs eclatantes, puis ils danserent
autour, tandis que plusieurs d'entre eux allerent chercher M.
d'Iberville. Chantant avec leurs instruments et leurs tambours, ils
firent monter M. d'Iberville sur le dos d'un sauvage, qui devait servir
de coursier, et qui imitait l'allure et les courbettes et meme les
hennissements d'un cheval d'apparat.
Lorsqu'on fut arrive au poteau, on fit asseoir M. d'Iberville avec ses
gens sur des peaux de chevreuils, puis on commenca une danse guerriere
pendant laquelle chacun des sauvages, revetu de ses armes, allait
frapper de son casse-tete des coups sur le poteau et racontait ses
exploits.
M. d'Iberville repondit a ces demonstrations en faisant venir les
presents: des couteaux, des rassades, du vermillon, des fusils, des
miroirs, des peignes; de plus, des habillements; des capots, des
mitasses, des chemises, des colliers et des bagues. Les Canadiens, qui
avaient l'usage de tous ces habillements, en revetaient les sauvages.
Apres cela M. d'Iberville servit un repas pour tous les assistants; de
la sagamite aux pruneaux, des confitures, du vin, de l'eau-de-vie, a
laquelle on mit le feu, ce qui emerveilla les sauvages.
Apres cette ceremonie, M. d'Iberville prit ses dispositions pour
continuer son exploration. Il savait desormais ou etait l'embouchure du
Mississipi, c'est-a-dire a quinze ou vingt lieues au sud-ouest. La se
trouvait l'embouchure d'un grand fleuve que les sauvages appelaient la
Malbanchia, et les Espagnols, la riviere aux Palissades, a cause des
arbres qui on barraient l'ouverture, ce qui s'accordait avec les
relations de M. de La Salle.
M. d'Iberville avait reconnu qu'il n'y avait ni Anglais ni Espagnols
dans le golfe, et q
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