u'il n'avait a craindre aucune rencontre ennemie.
Des lors, il prit conge de M. de Chateaumorand, dont il n'avait plus a
reclamer l'assistance. Ils se quitterent dans les meilleurs termes.
M. de Chateaumorand appreciait hautement la capacite et le zele de M.
d'Iberville, et il le traitait avec la plus grande consideration, comme
un vrai gentilhomme. Cela formait un contraste sensible avec les duretes
que M. de La Salle avait eu a endurer du commissaire de la marine royale
qui l'accompagnait, et qui, par son entetement et son ignorance, avait
fait manquer toute l'entreprise. M. de Chateaumorand laissa une centaine
de barriques de vin, de la fleur et du beurre dont M. d'Iberville avait
besoin, et il partit pour Saint-Domingue, ou il pouvait se ravitailler.
CHAPITRE V
VOYAGE A LA MALBANCHIA.
M. de Chateaumorand partit le 20 fevrier. M. d'Iberville fit ses
preparatifs de voyage. Il etait assure qu'il n'avait aucun obstacle a
craindre de la part des Espagnols ni de la part des Anglais. Il savait
qu'il pouvait compter sur les bonnes dispositions des sauvages.
Le 27 fevrier, jour fixe, il partit de Biloxi avec deux biscayennes et
deux canots, et 50 hommes armes de fusils et de haches. Ils avaient
pour 20 jours de vivres. Presque tous ces hommes etaient des Canadiens
eprouves dans les expeditions precedentes, et les autres, des
flibustiers de Saint-Domingue.
Il y avait deux pierriers sur les biscayennes pour imposer aux sauvages.
M. d'Iberville etait sur l'une des biscayennes avec son frere M. de
Bienville, et M. de Sauvalle sur l'autre, avec le Pere Anastase,
Recollet, qui avait sa chapelle avec lui. Les prieres se faisaient matin
et soir comme sur les vaisseaux, et lorsqu'on pouvait debarquer le
dimanche, le pere disait la messe.
Le 27 et le 28, on commenca a longer a l'ouest une grande ile de sable.
On passa ensuite devant plusieurs baies environnees d'herbe et de joncs,
mais sans bois.
En naviguant, on faisait la plus grande attention a ne passer
l'embouchure d'aucune riviere.
Le 1er mars, qui etait un dimanche, on aborda a une ile, et le pere dit
la messe pour l'equipage.
L'autel fut dresse sous un bouquet d'arbres, et connue le sol etait tres
humide en quelques endroits, d'Iberville fit couper des branches pour
les mettre sous les pieds des hommes, afin de les preserver de toute
incommodite. Dans la journee, les gens tuerent plusieurs chats sauvages:
l'ile en etait remplie, et on l'appela l'ile a
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