rt dans l'endroit qu'il jugea le plus
convenable, a moitie chemin de l'occupation des Espagnols a Pensacola.
Pendant qu'il etait occupe a cet etablissement, il examina tout le pays
d'alentour et accueillit avec empressement la visite des tribus sauvages
environnantes.
Quant au pays, il etait presque aussi beau que le littoral de
Saint-Domingue. L'on voyait des pins et des cypriers sur de grandes
etendues, des prairies surabondantes, des arbres a fruits d'une force de
vegetation inconnue en Europe. Tout etait a l'avenant: des outardes ou
oies sauvages enormes, des poules d'Inde qui volaient par legions et que
l'on pouvait prendre avec la main ou tuer a coups de fusil sans enrayer
les autres. Dans ces etendues, des fruits pleins de saveur, des
plantes pleines d'aromes, une vegetation vigoureuse recelant dans ses
profondeurs des milliers d'oiseaux pelagiques: des cormorans, des
canards, des flamants; tandis que le vol et les cris des perroquets
animaient la solitude.
Le 4 fevrier, M. d'Iberville fit une excursion sur les bords: il vit des
quantites de chenes de la plus belle venue, des ormes, des frenes, des
pins, des vignes en grand nombre; sur le sol, des herbes vigoureuses
semees de violettes, de giroflees, de feveroles, comme a Saint-Domingue;
des noyers d'une fine ecorce, des bouleaux. Le temps etait tres beau,
l'air tres chaud. Il explorait et faisait sonder toutes les embouchures
des fleuves principaux qui se rendaient a la mer.
Apres l'admiration pour les richesses de cette nature presque tropicale,
M. d'Iberville avait une attention particuliere pour s'attirer la
confiance et l'affection des indigenes, qui entraient pour une grande
part dans ses projets d'avenir.
Ceux-ci detestaient les Espagnols, dont ils avaient depuis longtemps
eprouve le caractere violent et implacable; de plus, ils surent bientot
que les Francais etablis dans les regions du Nord s'etaient toujours
attaches a, gagner les Indiens qui les environnaient, par les procedes
les plus affectueux et les plus genereux.
Les Biloxis vinrent d'abord saluer les nouveaux arrives, et il parait,
d'apres la relation de Penicaud, qu'ils purent s'entendre avec plusieurs
Canadiens qui connaissaient l'iroquois et qui formaient une forte partie
des equipages.
Apres les Biloxis, vinrent cinq autres nations situees aux environs du
Mississipi: les Bayagoulas, les Chichipiacs, les Oumas, les Tonicas.
Penicaud raconte les ceremonies qui accompagnaient ce
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