squ'a la ceinture, 18 perirent. M. de La
Potherie tomba sans mouvement, epuise de fatigue; quelques Canadiens le
sauverent. L'aumonier, M de Fitz-Maurice, fut admirable de devouement,
etant, comme nous l'avons dit, d'une force extraordinaire. Il soutenait
et meme portait ceux qui ne pouvaient se trainer, et il ne les
abandonnait pas avant qu'ils fussent arrives en terre ferme.
De grands feux que l'on fit soulagerent ces pauvres gens qui etaient
legerement vetus et tout degouttants encore du naufrage. Dans tous ces
desastres, d'Iberville avait veille a tout. Il avait sauve sa provision
de poudre, et il put ainsi envoyer ses meilleurs tireurs pour se
procurer du gibier. Heureusement, les autres vaisseaux arriverent,
le _Palmier_, le _Wesph_ et le _Profond_, apportant des vivres, des
munitions et des vetements de toutes sortes; il etait temps: les plus
robustes succombaient, les plus nobles coeurs etaient anxieux. Les
fronts s'eclaircirent, mais comme en ces temps la foi accompagnait
toutes les emotions, de vives demonstrations de reconnaissance furent
adressees a Dieu. D'ailleurs, ces braves gens etaient determines a toute
tentative supreme et, perir pour perir, ils disaient qu'il valait mieux
sacrifier sa vie sur un bastion du fort Nelson que de languir dans un
bois avec un pied de neige.
Le 11 septembre, dit M. de La Potherie, nous allames faire du feu a la
portee du canon du fort et sous le couvert des arbres, pour tromper
l'ennemi. La fumee nous attira des coups de canon, mais facilita aux
gens le debarquement le long de la riviere. M. d'Iberville, se dirigeant
par de petits sentiers couverts, s'en alla reconnaitre la place, sur les
11 heures du matin; apres quoi il envoya de Martigny en parlementaire
pour reclamer deux Canadiens et deux Iroquois qui etaient restes
prisonniers l'annee precedente. Le gouverneur les refusa: alors on
resolut l'attaque.
Apres diner, on dressa une batterie a deux cents pas du fort, et l'on
debarqua les mortiers, les canons et les munitions, sous la direction
du chevalier de Montalembert, garde de la marine. Le lendemain, le
bombardement commenca vers 10 heures du matin, et continua jusqu'a, une
heure de l'apres-midi. Les bombes faisaient un effet merveilleux; les
remparts etaient renverses, et les Canadiens envoyes en tirailleurs,
voyant les resultats, les saluaient de Sassa Koues de triomphe. On
commenca alors, sur la cote opposee du Nord, une nouvelle batterie
qui aurait ecrase le
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