res vaisseaux, voyant ce desastre, ne songerent plus a faire
aucune resistance. Le _Derring_ vira de bord avec la plus grande hate,
et s'enfuit; mais l'_Hudson Bay_, trop crible pour en faire autant,
amena aussitot son pavillon, et d'Iberville envoya La Salle avec 25
hommes pour l'amariner.
Tout avait ete si bien conduit, que d'Iberville n'avait pas de morts,
et ne comptait que 14 blesses; mais les manoeuvres etaient coupees, les
voiles percees a jour, les mats cribles.
Le chevalier du Ligonde avait recu deux coups de feu; La Carbonniere
avait le coude entame; Saint-Martin, la main fracassee; M. de La
Potherie avait recu plusieurs balles dans ses vetements, et avait un
bras contusionne.
Apres ce combat acharne il se passa encore bien dea evenements avant
l'attaque du fort Nelson. On etait parvenu au 7 de septembre, et l'on
experimenta alors la rigueur de ces climats. Il faisait tres grand
froid; le vaisseau, avec ses agres et ses mats, etait tout couvert
de neige et de verglas. Le vent etait tres fort, et, la grande ancre
s'etant rompue, la desolation fut au comble parmi les blesses et les
malades. M. de La Potherie, quelque accable de fatigue qu'il fut, avait
encore assez de liberte d'esprit pour faire la remarque que Horace, qui
releve l'audace de celui que le premier confia une nef aux flots, ne
s'etait cependant jamais trouve en si facheuse conjoncture.
Illi robur et aes triplex
Circa, pectus erat qui fragilem truci
Commisit pelago ratem
Primus, nec timuit proecipitem Africum
Decertantem...
La tempete se dechaina, ensuite dans toute sa fureur; la galerie fut
enlevee, les tables et les bancs brises dans la grande salle; enfin,
vers dix heures du soir, le 7 septembre, le gouvernail fut enleve. Le
vaisseau, secoue et pousse sur les battures, ne put resister et fut
ouvert par le milieu. Au matin, il commenca a sombrer: il fallut
l'abandonner. En ce moment on voyait la terre a deux lieues.
Au milieu de ces epreuves d'Iberville etait inebranlable: c'etait dans
les plus terribles circonstances que se revelaient sa fermete et la
surete de ses decisions. Il se mit en devoir de sauver son equipage.
Il envoya M. de La Potherie et son cousin de Martigny dans un esquif,
chercher un lieu de deparquement, puis il fit disposer des radeaux, et
embarqua son monde. Les rigueurs du froid etaient telles que, sur les
200 hommes qui se trouvaient sur le batiment et qui eurent a traverser
les battures dans l'eau ju
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