rtie du detroit.
Dans cette traversee, M. de La Potherie fait remarquer que les equipages
furent rudement eprouves par le scorbut.
Les hommes etaient exposes a prendre cette terrible maladie par l'usage
des viandes salees, par les rafales continuelles qui couvraient d'eau
les batiments, par l'impossibilite de changer d'habits et de linge qui
etait en petite quantite. Plusieurs succomberent.
L'escadre arriva a Belle-Isle le 9 novembre, et deux semaines apres,
Rochefort, terme de la navigation, etait en vue.
En terminant sa relation, M. de La Potherie croit devoir assurer que
l'occupation de la baie d'Hudson n'offrait pas assez d'avantages de
commerce pour affronter les perils d'une navigation si longue et si
difficile dans des climats si rigoureux.
Mais tel n'etait pas le sentiment du chevalier d'Iberville, qui savait
tres bien le parti que les Anglais pouvaient tirer de ce pays.
C'est ce qui a ete confirme par la suite des evenements. Les Anglais
revinrent plus tard; ils s'assurerent de tout le pays, favoriserent des
associations puissantes, et ces commercants, avec les subsides et les
primes du gouvernement, etablirent deux grandes compagnies qui se mirent
a la tete du commerce des fourrures dans le monde entier.
Ce sont les deux compagnies de la baie d'Hudson et du Nord-Ouest, qui,
jusque dans les derniers temps, ont realise des benefices montant
presque chaque annee a la somme de vingt a vingt-cinq millions de
francs.
D'Iberville, a son retour, vit le ministre des colonies, et lui exposa
avec force la situation de la Nouvelle-France, et le danger que lui
faisait courir le voisinage des Anglais.
Ces representations eurent un plein succes, et le ministre chargea
d'Iberville d'une expedition plus considerable que toutes celles qui lui
avaient ete confiees jusque-la.
C'est ce que nous verrons dans les chapitres suivants.
CINQUIEME PARTIE
EXPEDITION DU MISSISSIPI.
M. d'Iberville quitta la baie d'Hudson on 1697 et revint en France. Il
rendit compte de sa mission et enonca les moyens qu'il y avait a prendre
afin d'en assurer le succes. Il parle ainsi de l'avenir des possessions
francaises en Amerique:
"Suivant lui, il fallait s'occuper des dangers qui menacaient nos
etablissements. Ces dangers venaient du voisinage de puissances qui
etaient redoutables par leur nombre et par une position superieure a
celle des colonies francaises.
"Vis-a-vis de nos colonies du nord, les Anglais
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