un si grand soin que
de La Potherie et le Pere de Charlevoix ont pu y trouver, pour leurs
ouvrages, les faits les plus circonstancies et les plus interessants.
M. Beaudoin etait un homme qui avait conserve de son ancien etat une
vivacite et une resolution extraordinaires. Il dit, des les premieres
lignes de son journal:
Nous avons trouve, en arrivant a la baie des Espagnols, des lettres
de M. de Villebon qui nous marquent que les ennemis nous attendent a
la riviere Saint-Jean. Dieu soit beni, nous somme resolus de les y
aller trouver.
Au bout de quelques jours, c'est-a-dire le 14 juillet 1696, trois
vaisseaux de guerre anglais furent signales; d'Iberville alla aussitot
les attaquer. Avec son habilete ordinaire, il demata, de quelques volees
de canon, le plus grand des vaisseaux, le _New-Port_, et l'enleva a
l'abordage sans perdre un seul homme. Il se dirigea ensuite vers les
deux autres batiments, qui prirent la fuite et parvinrent a s'echapper,
grace a une forte brume.
M. Beaudoin nous fait ici connaitre l'habilete du commandant et les
dispositions religieuses des hommes intrepides qu'il commandait. M.
d'Iberville avait fait fermer les sabords du _Profond_, et avait fait
coucher ses gens sur le pont, pour donner confiance au vaisseau anglais,
qui vint sans defiance aborder le _Profond_. Aussitot les sabords sont
ouverts, les hommes commencent la mousqueterie sur les deux vaisseaux
ennemis, dont l'un est bientot demate, et M. Beaudoin fait la remarque
qu'il avait bien espere que Dieu benirait ces braves Canadiens, qui
depuis le depart s'etaient approches tres souvent des sacrements.
Apres cet incident, les commandants francais se dirigerent vers
Pemaquid, ou ils arriverent le 13 du mois d'aout. Dans le trajet, ils
avaient embarque avec eux deux cent cinquante sauvages allies, commandes
par M. de Saint-Castin et M. de Villebon, deux officiers places dans
l'Acadie. Le Pere Simon, missionnaire de l'Acadie, les accompagnait
comme chapelain.
M. de Villebon, M. de Montigny et l'abbe de Thury se rendirent sur la
cote en canot avec les sauvages. Ils etaient suivis des vaisseaux, qui
aborderent.
Le 15 aout, jour de l'Assomption, les troupes assisterent a la sainte
messe, et ensuite M. d'Iberville fit debarquer les mortiers et les
canons. On envoya un parlementaire au commandant de Pemaquid, qui
repondit a la sommation que "quand bien meme la mer serait couverte de
vaisseaux et la terre couverte d'
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