qui couvraient la porte
de Saint-Jean, et la fusillade recommenca; mais voyant qu'ils etaient
encore trop imparfaitement abrites dans les redoutes, ils se retirerent
dans le fort principal, qui etait bastionne et palissade. Ce fort
renfermait une vingtaine de canons qui dominaient la ville. En ce moment
une centaine d'Anglais s'etant jetes dans une embarcation, profiterent
d'un vent favorable pour gagner la haute mer; mais dans le desordre de
l'embarquement, ils eurent cinquante des leurs blesses a mort.
M. Beaudoin fait remarquer la superiorite des Canadiens dans toutes ces
rencontres. Les gens de M. de Brouillan auraient eu besoin d'une ou deux
campagnes avec les Iroquois pour savoir se couvrir des ennemis, et pour
savoir les surprendre. Si les Canadiens sont plus aguerris, c'est qu'ils
l'ont appris a leurs depens dans leurs rencontres avec les sauvages. Ils
savent qu'il ne faut jamais s'epargner dans ces expeditions ou tout
est a l'aventure; qu'il vaut mieux se faire tuer que de rester blesse,
expose a tomber ainsi au pouvoir d'ennemis implacables, ou a mourir
d'epuisement au milieu des frimas.
Il fallut songer a faire le siege de la citadelle, qui avait deux cents
hommes de garnison bien equipes, et qui voyait deux vaisseaux de guerre
arriver a son secours.
Les Canadiens commencerent par bruler toutes les maisons qui occupaient
les approches du fort, et le fort, completement demasque, apparut avec
toutes ses defenses.
Ce fort, situe sur une hauteur au nord-ouest, etait flanque de quatre
bastions et entoure d'une palissade garnie de canons. Au centre
s'elevait une tour a deux etages, egalement garnie de canons. M. de
Brouillan, voyant l'attitude determinee des assieges et leurs moyens
de defense, envoya chercher les mortiers, que l'on avait laisses a
Bayeboulle, et le lendemain il commenca la canonnade.
Le gouverneur, esperant toujours l'arrivee des vaisseaux qui louvoyaient
en haute mer, envoya, le 30 novembre, jour de saint Andre, un
parlementaire demander un delai. Le commandant francais, comprenant son
intention, refusa cette demande, et le gouverneur, renoncant a toute
esperance de secours, se decida a signer la capitulation.
M. de Brouillan n'eut aucun egard aux services rendus par M.
d'Iberville. Il ne lui laissa prendre aucune part aux decisions qui
precederent la capitulation, et il la signa sans lui. Ce procede parut
tout a fait inconvenant a M. Beaudoin, qui remarque que M. d'Iberville
avait e
|