d'Iberville, il chercha
encore une fois a se debrouiller en envoyant quelqu'un pour declarer
qu'il revenait sur sa decision. C'etait la troisieme ou quatrieme
reconciliation.
M. Beaudoin fait cette reflexion: "J'aurais, je vous avoue, Monseigneur,
voulu etre bien loin dans tous ces grabuges, etant ami de ces messieurs,
qui m'ont fait mille fois plus d'honneur que je ne merite. Nonobstant
cela, j'aurais eu au moins autant de peine que le sieur d'Iberville a
consentir a tout ce qu'il a accorde au sieur de Brouillan. Ces messieurs
sont un peu d'accord; mais j'apprehende que cela ne dure pas."
Les Canadiens partirent alors avec M. d'Iberville pour aller reconnaitre
la place en remontant vers le Fourillon, station qui est a six lieues de
Saint-Jean.
Au second jour, ils virent un vaisseau marchand de 100 tonneaux, qu'ils
emporterent du premier choc. L'equipage prit les chaloupes et s'enfuit
dans les bois.
M. d'Iberville les poursuivit et s'empara de vingt hommes, avec le
capitaine du vaisseau qui les accompagnait. Plus loin, il enleva trente
Anglais, a l'endroit appele le Petit-Havre. Ensuite, les Canadiens
traverserent a mi-corps une riviere tres rapide, et emporterent des
retranchements tout a pic, ou ils mirent hors de combat trente-six
Anglais. C'etait le 28 novembre.
Ils se mirent alors en marche pour approcher de Saint-Jean. M. Beaudoin
a decrit cette marche en temoin oculaire:
M. de Montigny marchait a trois cents pas en avant avec trente
Canadiens; M. d'Iberville et M. de Brouillan suivaient avec le corps
principal.
Apres deux heures de marche, l'avant-garde signala quatre-vingts ennemis
retranches derriere des troncs d'arbres et des quartiers de roche.
Aussitot M. de Montigny fit arreter sa troupe et se disposa a la lancer
sur les retranchements. M. l'abbe Beaudoin harangua les hommes; il les
excita a donner leur vie en braves. Ils s'agenouillerent et ils recurent
l'absolution generale, puis chacun jeta ses hardes et se tint pret a
s'elancer.
M. de Montigny ayant mis l'epee a la main, s'avanca a la tete pour
attaquer les ennemis au centre; M. d'Iberville devait les prendre Par
la gauche, et M. de Brouillan par la droite. La lutte fut acharnee, et,
malgre leur nombre inferieur, les Francais montrerent admirablement leur
superiorite dans l'emploi des armes et dans la rapidite des mouvements.
Au bout d'une demi-heure, les ennemis, apres des pertes enormes,
durent aller se refugier dans deux redoutes
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