'on ne pouvait plus naviguer, des couvertures de laine et des
fourrures pour les jours les plus froids, des armes particulieres pour
combattre les baleines, qui naviguaient par legions dans le nord, et
pour s'emparer de ces populations d'amphibies qui couvraient les rivages
parfois jusqu'a perte de vue; sans compter les armes de chasse pour
attaquer ces tribus d'oiseaux si nombreux, non encore decimes par les
chasseurs: les oies, les outardes, les pingouins, les mouettes, les
goelands.
De Plaisance, on longea l'ile pour se rendre sur la cote orientale. On
passa devant le cap Sainte-Marie, devant lu cap de Rase au sud de l'ile,
puis on remonta le long du banc de Terre-Neuve. M. d'Iberville avait
recu l'instruction de courir des bordees sur cette cote; mais des
brumes tres epaisses s'etant elevees, ces instructions ne purent etre
observees, et l'escadre se dirigea aussitot vers le nord.
Le 17 juillet, neuf jours apres le depart, l'escadre ayant passe le cap
Saint-Francois et le cap Bonavista, on se trouva pres de Belle-Isle,
en face de l'embouchure du fleuve Saint-Laurent et par le 52e degre de
latitude.
On commenca a rencontrer quelques glaces derivant vers le sud, mais ce
n'etait rien en comparaison de ce que l'on devait voir plus tard.
Le 18 juillet, l'escadre longea les cotes du Labrador. Le 24, 16 jours
apres le depart de Plaisance, l'entree de la baie d'Hudson se presenta:
elle etait tout obstruee de glaces. On etait en face de l'ile de la
Resolution, et des iles Button, qui conservent encore le meme nom. Il
fallait se frayer un passage en naviguant vers l'ouest.
D'Iberville, monte sur le Pelican, affrontait les banquises, sachant
profiter de toutes les ressources de ces passages, qu'il avait traverses
plusieurs fois, et frayant la route aux autres navires.
Il fallait souvent grappiner, c'est-a-dire fixer les batiments sur les
glaces au moyen de grappins dont on avait un bon nombre.
A cette hauteur, on etait au 62e degre de latitude, le soleil etait
perpetuel, eclairant la nuit comme le jour. On rencontra ensuite les
iles du Pole et de la Salamandre, ainsi nommees d'apres les deux
batiments que d'Iberville y avait conduits dans son voyage precedent de
1694.
Arrives a ce point, les navigateurs virent marcher contre eux
l'immensite des glaces venant du pole; elles apparaissaient au loin
jusqu'a la ligne de l'horizon. C'etaient des masses enormes qui
semblaient entassees les unes sur les autres. Enfin,
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