Indiens, il ne se rendrait pas, a moins
d'y etre force."
Dans la nuit, d'Iberville mit le temps a profit: il fit entourer le
fort de batteries. Le commandant, voyant qu'il ne pouvait pas resister,
demanda a capituler, ce qui fut accorde.
Le fort avait une tres belle apparence; il etait de figure carree, avec
quatre tours enormes; il possedait un magasin de poudre creuse, dans
le roc, et une vaste place d'armes; les murailles avaient 12 pieds
d'epaisseur et de hauteur, et enfin il y avait 16 pieces de canon.
On permit aux militaires anglais de s'embarquer sur les vaisseaux de
leur pays, et on leur fournit des provisions pour le voyage.
Le but de l'expedition etait donc atteint: les Anglais etaient expulses,
et M. d'Iberville, craignant leur retour, fit demanteler le fort pour
qu'il ne put etre occupe de nouveau.
Tout etant termine a Pemaquid, M. d'Iberville partit pour Plaisance,
ou il arriva le 12 septembre. A sa grande surprise, il trouva M. de
Brouillan parti. La cause de cette precipitation fut bientot connue: M.
de Brouillan, mecontent de voir d'Iberville a la tete de l'expedition
et ne voulant pas avoir a partager son commandement, avait leve l'ancre
avec tous ses vaisseaux pour se rendre a la ville de Saint-Jean, ou il
devait commencer l'attaque des possessions anglaises de Terre-Neuve.
C'etait aller contre les ordres du roi et contre la promesse qu'il avait
faite a d'Iberville; c'etait meconnaitre imprudemment les sages avis que
lui avait donnes M. d'Iberville, qui pensait que cette expedition ne
pouvait etre faite par mer a cause des dangers de la cote et de la force
des courants, comme M. de Brouillan put bientot s'en convaincre.
Arrive devant Saint-Jean, M. de Brouillan se mit en devoir de canonner
la place: mais il ne put se maintenir dans la rade, et fut entraine par
les courants six lieues plus bas au sud. Pour reparer le mauvais effet
de cet insucces, il debarqua ses troupes et s'empara de quelques
stations insignifiantes, puis il revint a Plaisance, irrite de se
trouver en defaut vis-a-vis de d'Iberville.
C'est alors qu'arriverent bien des contradictions, dont le Pere
Charlevoix nous donne l'explication d'apres M. Beaudoin. Il nous dit que
M. de Brouillan etait un honnete homme, intelligent et d'une bravoure
incontestable, mais il etait inexperimente dans les expeditions de
ce genre, et il ne pouvait recevoir d'avis parce qu'il etait d'une
susceptibilite extraordinaire sur la question de s
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