est l'usage sur les vaisseaux lorsqu'il faut que l'equipage se
leve pour quelque chose d'extraordinaire. Le premier qui se presenta au
haut de l'echelle recut un coup de sabre sur la tete; un autre qui avait
monte par l'avant perit de meme. Alors, on descendit; la chambre fut
forcee a coups de hache et l'equipage fut reduit en quelques instants.
Ils eurent quartier, et en particulier Brigueur, gouverneur de Monsipi,
qui s'en allait prendre la qualite de gouverneur general de la Baie.
Pendant ce temps, le chevalier de Troyes avait enfonce la porte de
l'enceinte avec son belier, et il entourait la redoute avec son monde,
l'epee a la main.
Le grenadier, profitant aussitot de l'echelle placee sur la redoute,
arriva sur la plate-forme, et se mit a lancer ses grenades par le tuyau
de la chemine. Tout fut bientot brise par cette explosion, et il n'y eut
plus moyen de tenir en cet endroit. Une femme, reveillee en sursaut par
ce bruit, s'enfuit dans une autre chambre, ou elle fut atteinte, ainsi
que deux autres, par des eclats de grenade. La garnison se refugia alors
au rez-de-chaussee, mais elle s'y trouva sous le feu des Canadiens,
qui tiraient par les ouvertures. Le chevalier, trouvant que le belier
n'allait pas assez vite, fit tirer le canon sur la porte.
Au mome moment, le mineur fit connaitre qu'il avait place ses pieces, et
qu'il n'attendait qu'un ordre pour faire sauter la redoute. Ce que les
Anglais ayant entendu, ils comprirent qu'ils ne pouvaient plus resister,
et ils demanderent quartier.
Ainsi fut pris le second fort; les prisonniers, places dans un yacht
qu'on trouva amarre pres de la, furent diriges vers Monsipi; ils etaient
escortes par le vaisseau qui avait ete charge de toutes les munitions et
des pelleteries trouvees dans le fort.
Le chevalier fit alors sauter le fort et les palissades parce qu'il
aurait fallu trop de monde pour le garder. Il y laissa d'Iberville pour
surveiller cette execution, et il lui donna la chaloupe pour operer son
retour.
M. du Troyes partit en canot avec quelques hommes. En arrivant a
Monsipi, il y trouva les deux batiments qui avaient transporte la prise.
Il fit emmagasiner les provisions, et il decida alors du sort des
prisonniers.
Le chevalier les reunit et les fit transporter a l'autre bord de la
riviere, avec des vivres. Il leur donna des filets pour la peche et des
fusils pour la chasse. Il leur enjoignit de ne pas passer outre, sous
menace de mort, et il leur dit
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