Enfin, les Abenaquis situes a Sillery pres de Quebec, sous la direction
des Peres Jesuites, allerent se reunir a leurs compatriotes de l'Est,
qui les attendaient, et tous ensemble se dirigerent vers la place
principale des provinces du Nord, Pemaquid. Cette place avait une grande
importance; elle possedait 20 pieces de canon et 500 hommes de
garnison. Les Abenaquis, apres avoir rase toutes les habitations
qu'ils rencontrerent sur leur passage, arriverent devant Pemaquid, Ils
l'investirent, puis echangerent quelques escarmouches, et enfin, ayant
donne l'assaut, ils emporterent la place apres avoir, tue 200 hommes et
reduit les autres a demander quartier.
Toutes ces attaques couronnees de succes eurent un effet merveilleux:
elles ranimerent le moral des colons, accables par les massacres de
Lachine; elles abattirent la presomption des Anglais, qui virent que les
Francais, sans le nombre, etaient encore de redoutables adversaires.
Enfin, le prestige du nom francais fut tellement releve aupres des
sauvages, que l'on put presumer que les Francais auraient bientot la
preponderance en Amerique.
En effet, sur ces entrefaites et vers la fin de juillet 1,690,800
sauvages de l'Ouest, ayant 110 canots charges de 100,000 ecus de
pelleteries, se rendirent a Montreal pour voir le gouverneur. Ils
arrivaient avec le desir de s'unir aux Francais par les liens les plus
intimes.
Frontenac, avec cet esprit decisif et determine qui le caracterisait,
saisit habilement l'occasion de conquerir l'esprit des sauvages. Il leur
fit la plus aimable reception, rendue solennelle par la presence
des troupes, et les sauvages purent contempler les plus belles
demonstrations militaires. M. de Frontenac ecouta avec interet les
harangues des sauvages. Le chef des Ottawais parla surtout des avantages
que leur offrait le trafic avec les Anglais; le chef des Hurons parla
des engagements que les Francais avaient deja pris de combattre leurs
ennemis les Anglais et les Iroquois, et de les mettre hors d'etat de
nuire, engagement qui n'avait pas ete tenu par M. de La Barre et M.
Denoncourt. Ensuite, pour exciter les Francais a se prononcer, ils
entonnerent leurs chants heroiques accompagnes de danses de guerre.
Frontenac repondit aussitot qu'il accorderait tout avantage possible de
commerce aux sauvages, et qu'il les assisterait de sa protection
contre leurs ennemis; enfin, il leur declara qu'il allait se mettre en
campagne, et qu'il ne cesserait la lutte q
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