u'apres avoir obtenu que
les peaux rouges, qui etaient ses enfants comme les blancs, seraient
respectes.
Apres ces assurances, il termina son discours, comme les sauvages, par
des demonstrations martiales. Il prit une hache, entonna un chant de
guerre accompagne de Sassa Koues, de toute la force de ses poumons et
avec le ceremonial ordinaire, c'est-a-dire en dansant et en se frappant
la bouche avec la main pour donner plus de force a ses cris.
Cette demonstration eut un effet indescriptible. Les sauvages
trepignaient de joie, et Frontenac, voyant le bon effet de sa
demonstration, y voulut mettre le comble.
Il fit signe a ses officiers, qui prirent tous des casse-tete, et
se mirent a danser et a chanter avec un entrain et une vigueur qui
ravissaient les Indiens. L'on eut dit que les Francais n'avaient jamais
fait autre chose; ils y mettaient cet emportement qui est particulier
aux Francais, la _furia francese_, donnant le plus haut caractere a leur
mise en scene. "Ils semblaient, nous dit M. de La Potheie, comme des
possedes, par les gestes et les contorsions extraordinaires qu'ils
faisaient, tandis que leurs voix fortes et vigoureuses faisaient valoir
les cris et les hurlements guerriers."
Les Indiens etaient ivres de joie en entendant ces voix puissantes et
exercees, en voyant leurs danses si merveilleusement interpretees par
ces nobles gentilshommes qui reunissaient l'entrain a la force, la
vivacite a l'elegance, et dont plusieurs avaient figure dans les
carrousels de Louis XIV.
Un repas suivit, a tout boire et tout manger. "Les Indiens, nous dit
encore La Potherie, y firent honneur avec une vraie frenesie, et ensuite
ils prononcerent leur serment d'allegeance."
CHAPITRE IV
NOUVELLE EXPEDITION A LA BAIE D'HUDSON.
Comme la navigation etait encore possible, Frontenac, pour seconder les
derniers exploits, enjoignit a d'Iberville de partir pour aller croiser
dans la baie d'Hudson. Celui-ci partit aux premiers jours d'aout avec
deux batiments, la _Sainte-Anne_ et le _Saint-Francois_, et le 24
septembre 1690, il abordait pres de la riviere Sainte-Therese.
Ici se placent differents incidents qui montrent quelles etaient
l'habilete et la presence d'esprit de ce grand homme de guerre.
D'abord les Anglais voulurent le prendre par surprise; ils lui
envoyerent des parlementaires pour fixer un lieu de conference a
l'amiable. D'Iberville soupconna quelque ruse; il accepta l'entrevue
et fit explorer les en
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