virons par ses hommes. L'on trouva deux canons
charges a mitraille diriges sur le lieu fixe pour l'entrevue.
D'Iberville tua les canonniers sur leurs pieces, puis se mit a la
poursuite des parlementaires, qu'il passa par les armes.
Quelques jours apres, les Anglais voulurent recourir a la force; ils
firent sortir deux de leurs plus grands vaisseaux, l'un de vingt-deux
canons et l'autre de quatorze. D'Iberville feignit de fuir devant eux,
et ayant exactement calcule l'heure de la maree, il les attira sur la
haute mer au moment ou la mer se retirait. Les deux vaisseaux anglais
s'echouerent sur les rochers. Alors, avec la maree suivante, d'Iberville
revint sur les ennemis et les forca d'amener pavillon.
Un troisieme vaisseau fut enleve par un acte d'audace incomparable.
D'Iberville avait envoye quatre hommes pour signaler les batiments
anglais. Deux des explorateurs turent faits prisonniers. Les Anglais
prirent l'un de ces hommes, qui semblait le plus faible et le moins
resolu pour les aider dans la manoeuvre. Un jour que presque tous les
hommes etaient dans le haut de la mature, le Canadien, n'en voyant que
deux sur le pont, sauta sur une hache et leur cassa la tete, puis il
delivra son compagnon; ensuite, armes de toutes pieces, ils monterent
sur le pont et ils coucherent en joue les autres matelots, les forcant
de venir se constituer prisonniers. Alors ils conduisirent sans delai
les vaisseaux a la cote, ou la cargaison fut d'un grand secours.
Apres ces exploits, le fort Sainte-Therese se trouvait prive d'une
grande partie de ses defenseurs. Alors d'Iberville le fit entourer et
dressa ses batteries. Il commenca a canonner. Les Anglais, voyant qu'ils
ne pourraient resister, mirent le feu au fort pendant la nuit, puis
s'en allerent se refugier au fort Nelson a trente lieues de distance.
D'Iberville entra aussitot dans le fort, et avec tant de promptitude,
qu'il put eteindre le feu et sauver les pelleteries, qui etaient
considerables.
Il laissa le fort sous le commandement de son jeune frere, et ayant
charge le plus grand de ses batiments, le _Saint-Francois_, avec
toutes les pelleteries, il se dirigea vers Quebec, et entra dans le
Saint-Laurent vers le milieu d'octobre 1690. M. d'Iberville se trouvait
vers les iles aux Coudres, lorsqu'il fut hele par un batiment qui venait
a sa rencontre. C'etait son frere, M. de Longueuil, qui avait ete envoye
par le gouverneur pour rencontrer les batiments qui venaient de France,
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