que s'ils avaient quelque chose a
communiquer, ils pouvaient envoyer sur la batture deux hommes qui
mettraient un mouchoir au bout d'un baton pour signal.
Ensuite, le chevalier de Troyes se disposa pour sa nouvelle entreprise.
Il fit charger les canons sur le vaisseau pris au fort Rupert, et il mit
son monde en plusieurs canots. Les memoires du temps remarquent qu'il
pria alors le Pere Silvy, qui etait reste a Monsipi, de l'accompagner
dans cette expedition, que l'on pouvait penser devoir etre plus longue
que les premieres.
Le Pere Silvy pouvait etre utile par son experience en ces contrees;
ensuite, rien n'egalait son influence sur les gens, au milieu des peines
et des difficultes.
Elles furent tres grandes, car il fallait se diriger a trente lieues
au nord, sans savoir au juste quelle etait la situation du fort. Toute
cette cote est environnee de battures qui s'etendent au loin dans la mer
et qui ne sont pas navigables. Il fallait donc se tenir a trois lieues
de la cote, et, quand la maree etait basse, il fallait porter les canots
et les bagages a de grandes distances, tandis que, lorsque la maree
montait, l'on se trouvait engage dans les glaces, dont il etait
difficile de sortir.
Apres plusieurs jours de marche et de navigation, on reconnut qu'on
avait depasse la situation du fort sans l'avoir apercu, et les sauvages
qui accompagnaient l'expedition ne savaient plus ou ils en etaient, bien
qu'ils crussent connaitre le pays; mais ils ne se decouragerent pas,
tant ils tenaient a se venger des Anglais, qui les avaient accables de
mauvais traitements.
On etait dans la plus grande incertitude, lorsque, dans le lointain, on
entendit sur la cote sept ou huit coups de canon.
L'expedition vogua dans cette direction, aborda avec armes et bagages a
l'embouchure de la riviere Kichichouane, que l'on n'avait pas apercue
d'abord. On parvint a un endroit ou il y avait une sorte d'estrapade au
haut de laquelle on placait une sentinelle pour signaler l'arrivee des
vaisseaux. En ce moment, d'Iberville arriva avec Sainte-Helene dans
la chaloupe qui portait tous les pavillons de la compagnie de la baie
d'Hudson. Iberville, avec son habilete ordinaire, avait su se diriger en
droite ligne en partant du fort Rupert vers l'embouchure de la riviere
Kichichouane que l'expedition avait eu tant de peine a rencontrer.
Aussitot arrive, Sainte-Helene fut encore designe pour reconnaitre
l'assiette de la place. Il revint bientot et ann
|