et plus tard
M. de Talon en 1616. Ils remonterent droit dans le nord par la riviere
Mattawa jusqu'au lac Temiscaming.
C'est la, dit M. de Catalogne, dans sa relation, qu'ils se firent des
canots et qu'ils les employerent sur le lac.
Ce lac a 60 lieues de longueur sur 4 de large. Les rives sont bordees
des terres les plus fertiles. Sur tout ce parcours, ils rencontraient
differentes populations qui, comme toutes les nations sauvages du
Nord, etaient ennemies des Iroquois et des Anglais, et etaient en bons
rapports avec les Francais, qu'elles avaient appris a aimer par les
missions infatigables des Peres Jesuites.
Des receptions solennelles avaient lieu: les tribus apportaient le
calumet de paix; elles executaient leurs danses en suivant les bateaux;
puis elles entonnaient des chants de joie qui se distinguaient surtout
pur cette particularite, disent les memoires, "que c'etait a qui
crierait le plus fort."
On debarquait le soir; on tirait les chaloupes a terre.
Alors les gens faisaient du feu et prenaient le repos, que l'on
prolongeait parfois pendant plusieurs jours quand les fatigues le
demandaient.
Les freres Le Moyne guidaient les miliciens dans le bois, pour se
procurer de nouvelles provisions par la, peche ou la chasse.
Quand on fut arrive a l'extremite du lac Temiscaming, on porta les
canots pour trouver les affluents de la riviere Abbitibbi, qui se dirige
vers la mer du Nord.
Tout ce trajet ne s'accomplissait pas sans de grandes difficultes:
souvent l'on trouvait les cours d'eau geles sur une grande etendue;
d'autres fois, il fallait lutter contre les glacons qui obstruaient le
cours du fleuve.
A mesure que l'on avancait dans le nord, les obstacles augmentaient. Les
rivieres etaient encore gelees sur un long parcours; aussi, malgre la
force et l'habilete des hommes, on mit a traverser cette etendue de 900
milles de longueur, un temps bien plus considerable que l'on n'avait pu
prevoir; le trajet dura plus de deux mois.
En ce temps, le pays avait un aspect de severite et de grandeur qui
imposait. Cette perspective austere et sauvage a disparu par suite des
defrichements et de la destruction des bois. C'est ainsi que s'expriment
les missionnaires:
Nous avons a passer des forets capables d'effrayer les voyageurs les
plus assures, soit par leur vaste etendue, soit par l'aprete dos
chemins rudes et dangereux. Sur la terre, on ne peut marcher que sur
des precipices; sur le fleuv
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