ervaient de digue aux
flots ecumants avec leurs debris monstrueux: en meme temps, on
pouvait contempler les profondeurs des forets seculaires, obscures
et silencieuses comme des cavernes soutenues par les piliers de ces
arbres dont chacun est un Atlas supportant un monde de feuillage, et
repandant une humidite continuelle a travers leurs ecorces epaisses
et rugueuses.
Quelques arbres apparaissent pleins de jeunesse; d'autres, au
contraire, sont tout decrepits et deformes par l'Age, semblables a
des fantomes aux contorsions etranges. Ils sont tout replies sur
eux-memes et couverts de veines et d'excroissances; d'autres,
entrelaces et reunis ensemble, paraissent comme des serpents
petrifies au milieu des embrassements d'une lutte mortelle: les
mousses apparaissent aussi aux regards, etendant sur les sols
pierreux un tapis verdoyant; la revetant les rochers de draperies
ondoyantes: plus loin transformant les debris en remparts de
verdure, ou bien enveloppant les troncs brises comme d'un filet qui
les preserve d'une derniere destruction; plus haut, on les voit se
suspendre et se deployer en guirlandes et en spirales comme des
formes de reptiles, et sur eux resplendit la jeune vegetation qui
appuie sur des ruines les pousses vigoureuses d'une foret naissante.
(M. Parkman.)
Lorsqu'on arrivait aux chutes et aux rapides, on contemplait d'autres
spectacles saisissants de grandeur.
A l'extremite des lacs immenses refletant les clartes d'un ciel
etincelant, l'on voyait descendre sur des escaliers de granit les chutes
d'un lac plus eleve occupant souvent toute la ligne de l'horizon.
Parfois la chute arrivait en tournoyant autour d'immenses sommites, puis
au dela, on voyait de nouveaux lacs environnes de rochers surplombant,
avec des arbres qui venaient baigner leurs branches dans les eaux
profondes. Les rives etaient surchargees de plantes, de lierres qui
semblaient disposes avec l'art le plus complique. A d'autres endroits,
l'immensite des eaux etait interrompue par des rochers qui se
rapprochaient comme une barriere infranchissable, dont on ne trouvait
l'issue qu'apres mille detours; et ensuite, au dela, on contemplait de
nouvelles nappes d'eau d'une purete et d'un eclat sans egal.
Avec toutes les difficultes que presentait le parcours de cette nature
primitive, il arrivait des evenement inattendus, qui arretaient la
marche et reduisaie
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