de differentes couleurs, suivant les localites; les gens de
Montreal etaient habilles en bleu, ceux de Trois-Rivieres, en blanc
ceux de Quebec en rouge. Il etait ainsi facile de les reconnaitre.
Leur chapeau etait en feutre noir, a grands bords releves par
devant. Le costume etait accompagne d'une ceinture en laine, et
d'une large cravate qui faisait plusieurs fois le tour du cou.
CHAPITRE II
ASPECT DE LA BAIE D'HUDSON.
La baie nommee baie du Nord, se presentait donc il leurs regards dans
son immensite.
Cette masse d'eau, qui est vraiment une mer interieure, n'a pas moins de
300 lieues de longueur sur 250 lieues dans sa plus grande largeur. Au
sud, elle se retrecit en une baie qui a 80 lieues de largeur: c'est ce
que l'on appelle la baie James.
Cette partie etait occupee par quatre forts: a l'extremite sud, le fort
Monsipi, que les Francais ont appele depuis le fort Saint-Louis; a
droite, a quarante lieues, le fort Rupert; a gauche, a quarante lieues,
le fort Kichichouane, que les Francais nommerent le fort Sainte-Anne.
Plus haut, du meme cote, le fort de New Savanne, appele ensuite
fort Sainte-Therese. Ce fort etait situe sur la riviere appelee des
Saintes-Huiles, parce que l'un des missionnaires y avait perdu son
bagage.
Enfin, plus loin, a trente lieues au nord, on trouvait le fort Nelson,
nomme plus tard le fort Bourbon.
Les Canadiens etaient donc arrives a leur but, le 20 juin 1686, a ce
centre si recherche du commerce des fourrures du Nord.
Nul bruit de leur marche n'avait transpire. Les Anglais, renfermes
dans leurs forts, attendaient la venue des batiments du printemps; ils
etaient loin de penser qu'une troupe d'hommes charges de munitions et
d'un materiel de siege avait pu franchir, pour les surprendre, 900
milles dans la saison de l'annee la plus difficile pour la marche.
On ne songeait donc pas a se garder au fort Monsipi; il n'y avait ni
poste d'observation, ni rondes de nuit, ni sentinelles. Les voyageurs
attendirent avec une vive impatience le moment fixe par leur chef, et
jusque-la, ils pouvaient jouir d'un beau spectacle, comme il arrive
souvent dans ces grandes regions du Nord. Des bruits se faisaient
entendre au loin. C'etait le degel qui operait son oeuvre de destruction
sur les masses de glace environnantes. Ces amas se detachaient du haut
des rives, et se precipitaient ensuite avec un fracas semblable au
bruit du tonnerre. La lune, entouree d'aureoles de d
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