religieux; il etait habile pour gagner le coeur des sauvages. Ils
l'admiraient comme le representant de ces heroiques Peres Jesuites qui,
depuis cinquante ans, parcouraient sans cesse ces contrees lointaines,
en faisant connaitre l'Evangile.
Apres le Pere Silvy, ceux qui avaient pu rendre le plus de services
etaient les freres Le Moyne, qui etaient incomparables pour guider
l'expedition sur les courants, et pour la conduire dans les profondeurs
des forets. Ils avaient une habilete egale a celle des sauvages pour
s'orienter au milieu des solitudes les plus impenetrables; enfin, par
leur connaissance des langues sauvages et leur titre de representants
des nations indiennes aupres du gouvernement, ils etaient consideres
tout particulierement.
D'apres les memoires du temps et les portraits des Le Moyne conserves a
Paris, on peut avoir une idee de ce qu'etaient alors ces jeunes gens
de 22, 24 et 26 ans. Ils etaient grands, forts et d'une habilete
extraordinaire pour les exercices du corps.
D'Iberville qui, par la taille, depassait ses deux freres, les
surpassait aussi par la force. A cela pres, ils se ressemblaient a s'y
meprendre.
Le teint clair, les cheveux abondants et tres blonds; les traits grands
mais delicats; le front large, ouvert; les yeux bleus et penetrants; le
nez aquilin; la bouche fine et bien dessinee; le menton carre, signe
d'une grande fermete. Ils semblaient bien appartenir a cette admirable
race normande qui avait produit les conquerants de l'Angleterre, les
champions de la Sicile et les heros des croisades.
Enfin, apres deux mois de marche, on put contempler, du sommet des
montagnes, une immensite d'eau refletant les tons pales d'un ciel froid
mais pur; c'etait la baie d'Hudson, vaste comme une mer, et s'etendant
au loin jusqu'a l'horizon.
Le but de tant de fatigues etait atteint; les coeurs furent remplis de
joie, mais l'expression on fut contenue, de crainte de quelque surprise.
Sur l'invitation du missionnaire, tous les voyageurs se prosternerent et
tirent entendre, mais a, demi voix, un _Te Deum_ d'actions de graces.
[Illustration: Costume des trappeurs.]
COSTUME DES TRAPPEURS.
Ce costume se composait d'un vetement de fourrure ou de drap, qui
descendait jusqu'aux genoux. Les jambes etaient preservees du froid
par des bas de laine foulee qui remontaient jusqu'au-dessus du genou
et etaient retenus par de fortes jarretieres en peau. Ce vetement
etait
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