nna, une animation toute nouvelle,
avec les jeunes officiers dont nous aurons a parler. M. de Salieres
resolut d'aller attaquer aussitot les Iroquois. Malheureusement, il se
laissa tromper par cette apparence benigne du froid qui surprend les
Europeens a leur arrivee en Canada. Comme ce froid sec est moins
sensible que le froid humide de l'Europe, il pensa, que ses troupes,
aguerries par plusieurs annees de la vie militaire, pourraient le braver
impunement, et il se mit en route au milieu de l'hiver pour aller
attaquer les etablissements iroquois aux environs du lac Champlain. Mais
il fallut bientot revenir sur ses pas.
Nos Francais ne se decouragerent pas, et quelques mois apres, M. du
Tracy reprit l'expedition. Il partit au mois de septembre; mais cette
fois il avait eu soin de se faire accompagner par des miliciens du pays.
Cent vingt hommes parfaitement exerces vinrent de Montreal; ils etaient
commandes par des officiers experimentes, comme Charles Le Moyne et M.
d'Ailleboust de Musseaux. Charles Le Moyne, en particulier, rendit les
plus grands services, et attira l'attention des officiers superieurs par
sa connaissance de la tactique des sauvages.
Le lac Champlain fut traverse le 15 octobre, et, quelques jours apres,
on se trouva, en vue des premiers villages iroquois; ils etaient
abandonnes. Les sauvages avaient concentre leurs armes et leurs
provisions dans le dernier village, environne de plusieurs palissades et
ou ils pretendaient se mesurer avec les Francais.
Les troupes avancaient resolument; elles etaient precedees des clairons
et des tambours, au nombre de vingt. Quand ceux-ci commencerent a jouer
leurs fanfares, une panique effroyable se repandit parmi les sauvages et
ils se deroberent, s'ecriant qu'il leur semblait entendre les hurlements
des demons de l'enfer. L'effet fut irresistible.
Les troupes escaladerent l'enceinte et trouverent le village abandonne,
mais rempli de provisions et d'armes.
Les soldats purent alors se remettre de leurs fatigues. Apres quelques
jours de repos, les troupes auraient voulu se mettre a la poursuite
des sauvages; mais M. de Tracy, averti par les colons, jugea qu'il ne
fallait pas attendre l'hiver, et il revint vers le Canada, en ayant soin
de placer les miliciens de Montreal a l'arriere-garde.
Il avait appris a apprecier ces braves miliciens; il mentionnait souvent
"ses capots bleus". Il les trouvait habiles pour aller en avant et
eclairer la marche, capables po
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