ux, en renards bleus,
et en martres, jusqu'a vingt millions de francs par annee.
Le centre de ce trafic est la baie d'Hudson, vaste golfe qui est comme
une mer de 550 lieues de longueur sur 250 lieues de largeur. On croit
que les Francais et les Portugais avaient explore ces cotes a partir de
l'an 1500. En 1610, un navigateur anglais, Hudson, en prit possession,
et vers 1660, le prince Rupert, oncle du roi Charles II, chef de
l'amiraute anglaise, fonda une compagnie de la baie d'Hudson pour
l'exploitation des fourrures.
Des marins anglais y furent envoyes, et ils construisirent plusieurs
forts pour la traite avec les sauvages, Aussitot les marchands de Quebec
etablirent une societe sous le nom de "Compagnie du Nord", et ils
reclamerent l'appui du gouvernement. Ils alleguaient ce principe,
qu'avant l'institution du prince Rupert, les Francais possedaient
plusieurs etablissements qui avaient ete livres aux Anglais par deux
renegats, Radisson et de Groseillers.
Le gouverneur, M. Denonville, presse par Colbert. voulut remedier a cet
etat de choses. Il fit reunir a Montreal une troupe de cent hommes, a la
tete desquels il mit un des anciens officiers de Carignan, le chevalier
de Troyes, qui etait renomme pour son habilete. Il avait avec lui 30
soldats et 70 Canadiens. M. de Catalogue commandait les soldats, et M.
Lenoir Roland etait a la tete des Canadiens.
Charles Le Moyne, alors age de 60 ans, aurait voulu etre de cette
expedition, mais ses infirmites ne le lui permettaient pas. Il proposa
trois de ses fils, Saint-Helene, d'Iberville et Maricourt comme
volontaires, pouvant servir de guides et d'interpretes. Le chevalier de
Troyes demanda qu'on lui donnat le Pere Silvy pour chapelain, afin de
subvenir aux besoins spirituels des soldats, et pour traiter avec les
sauvages, parmi lesquels il avait fait plusieurs missions. C'etait un
homme eminent, et qui fut du plus grand secours.
Il y avait plusieurs chemins pour se rendre a la baie d'Hudson; le
premier, en partant de Tadoussac et en remontant le Saguenay; de la. on
arrivait au lac Saint-Jean, puis au lac Mistassini, d'ou l'on suivait un
affluent de la riviere Rupert qui debouchait dans la mer du Nord.
Le second partait de Trois-Rivieres, remontait le Saint-Maurice, puis
trouvait plusieurs affluents qui descendaient vers la baie d'Hudson.
On fut oblige de renoncer a ces deux chemins. On ne voulait pas donner
l'eveil aux Anglais, qui etaient aux environs, et l'on c
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