enfants a la guerre.
Apres toutes les reclamations des colons contre les attaques
continuelles des sauvages, le gouvernement resolut enfin, vers 1666, de
transporter en Amerique des forces considerables pour assurer le salut
de la colonie.
"Les Iroquois, dit M. Colbert, dans ses lettres a l'intendant Talon,
s'etant declares les ennemis perpetuels et irreconciliables de la
colonie et ayant empeche par leurs massacres et leurs cruautes que le
pays ne put se peupler et s'etablir, et tenant tout en crainte et en
echec, le roi a resolu de porter la guerre jusque dans leurs foyers pour
les exterminer entierement, n'y ayant nulle surete en leur parole."
Et en effet, le ministre envoyait le general de Tracy avec plusieurs
compagnies d'infanterie, et le commandant de Courcelles, avec mille
hommes du regiment de Carignan, qui avait suivi Turenne depuis plusieurs
annees; il venait de se signaler en Hongrie sous les ordres du general
Montecuculli qui, en 1664, a Saint-Gothard, aide par 6,000 Francais,
accabla l'armee ottomane.[11]
[Note 11: Des l'annee 1650, ce meme regiment de Carignan, sous
les ordres de M. de Turenne, s'etait distingue par sa bravoure et sa
fidelite a l'autorite royale dans les combats contre la Fronde: a
Etampes, a Auxerre et enfin a la porte Saint-Antoine.]
L'arrivee des troupes a Quebec fit un effet merveilleux: la confiance
fut ranimee et les coeurs remplis d'esperance dans la sollicitude du
gouvernement.
L'entree des regiments etait de l'aspect le plus imposant au milieu des
colons separes depuis si longtemps des splendeurs de la mere patrie. Une
bande de clairons et de tambours ouvrait la marche. La fanfare jouait
ordinairement la marche de Turenne, composee par Lulli pour M. de
Turenne. Apres la fanfare venaient les militaires appartenant a deux
regiments, avec leurs couleurs distinctives, les officiers habilles
richement et comme il convenait a des jeunes gentilshommes des
meilleures familles. Ensuite, l'on voyait apparaitre les commandants
superieurs: M. de Courcelles, M. de Salieres, et en fin M. de Tracy
avec ses officiers d'ordonnance. Il avait vingt-quatre gardes toujours
attaches a sa personne. (La mere Juchereau, page 271 de _L'Histoire de
l'Hotel-Dieu de Quebec_.)
CHAPITRE VI
EXPEDITIONS DES TROUPES
Quelques compagnies furent envoyees a Montreal. Ces troupes etaient
destinees a proteger la ville; elles finirent par s'y etablir et aussi
dans les environs. Cette garnison do
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